Des relations entre les leaders politiques au Congo pendant la période coloniale et post indépendance
(1940-1963)
Communication au Forum de l’Association Désir d’Unité
Emile OPANGAULT
Brazzaville ce 16 Mai 2019
Sommaire
- - Genèse : De l’entité Moyen Congo à la République du Congo ;
- Des relations entre les leaders politiques durant la période avant l’indépendance ;
- III. L’avènement de la République et la proclamation de l’indépendance
- Des enseignements à tirer pour le « vivre ensemble »
I - Genèse : de l’entité Moyen-Congo à la République du Congo
Créé à partir de 1903, le moyen Congo ou Congo français était à l’origine, un territoire comprenant l’actuel Gabon et la République du Congo de 1882 à 1906. Il avait été créé suite au traité conclu entre le Roi Makoko et Pierre Savorgnan de Brazza.
La capitale en était d’abord Libreville jusqu’en 1906, puis Brazzaville.
Le Premier commissaire général en était Pierre Savorgnan de Brazza
En 1906, le territoire du Gabon est détaché du Moyen Congo et devient une colonie distincte.
Le 1er mars 1910, il est mis en place un gouvernement général de l’Afrique Equatoriale Française comprenant le Moyen Congo, le Gabon, le Tchad et l’Oubangui - Chari.
Le Moyen Congo constituait désormais une entité administrative et territoriale où étaient regroupées les populations qui formeront en 1958 la République du Congo dont l’accession à l’indépendance aura lieu le 15 août 1960.Ces populations auront désormais le même destin et apprendront à vivre ensemble car elles étaient sur le même territoire.
Quoique essentiellement bantoues, ces populations sont issues de différents royaumes ou entités (Tékés, et Kongos par exemple), dont une partie demeura au sein des autres pays comme la RDC, l’Angola, ou le Gabon.
En 1930, le mouvement nationaliste congolais naquit sous l’impulsion d’André Grenard MATSOUA, sous l’appellation d’Amicale.
Le Moyen Congo sera exploité par des compagnies concessionnaires, qui y imposeront le travail forcé aux populations. Pendant les deux guerres mondiales, le Moyen Congo à l’instar des autres colonies envoya ses fils contribuer à la défaite de l’Allemagne.
L’ensemble des peuples qui vivaient au sein du territoire du Moyen Congo commença ainsi sa cohabitation sous la férule des autorités coloniales et des compagnies concessionnaires ; un impôt de capitation dit des 3 francs leur fut imposé.
Dans la région du pool, cette pratique fut mise à mal par les populations et leurs chefferies car le Préfet de cette région brillait par une brutalité excessive envers elles.
Il s’appelait Pierre DE BUTTAFOCO et était administrateur de colonies, chef du département du Pool. Il avait fait fusiller le Chef MBIEMO et son frère MILONGO, originaires de la terre de Mpangala, après un procès expéditif en décembre 1940. Il soumit l’ensemble des populations à un traitement proche de l’esclavage.
En 1943, non contents des supplices que connaissaient les populations indigènes en général, et celle du Pool en particulier, cinq personnalités originaires de la partie septentrionale du Moyen Congo : Jacques OPANGAULT , Charles KIBA, Moise ECKOMBAND , Jacques MOUENEKOLO et Pamphile ADADA, adressent une pétition de protestation au gouverneur général Félix EBOUE .Ce fut un acte de loyauté et surtout d’unité nationale, qui leur valut la déportation après un procès politique.
Ils furent d’abord emprisonnés à Kinkala. Puis Jacques OPANGAULT fut envoyé à Bangui, Jacques MOUENEKOLO au Tchad, Charles KIBA au Gabon, EKOMBAND Moise dans le Mayombe et Pamphile ADADA dans la Sangha. Ce dernier y perdit la vie quelques mois plus tard. Le doyen Edouard BABACKAS m’a raconté comment pendant cette période, étant allé en excursion à Kinkala avec la chorale de Sainte Anne, il croisa monsieur Jacques Opangault, dans son lieu de détention, au détour d’une maison alors qu’il cherchait à se soulager.
Cet acte prouve à suffisance la capacité de ces cinq personnalités à se projeter dès cette époque dans une vision nationaliste en prenant fait et cause du combat mené par leurs compatriotes de la partie sud du pays. Il fallait en ce moment organiser la résistance face à un ennemi commun, car ce qui était valable pour les populations du sud, l’était aussi pour celles de partie nord du pays.
II Des relations entre les leaders politiques dans la période avant l’indépendance.
Le premier homme politique du Moyen Congo est Felix Tchicaya.
Dès 1949 il siège au palais Bourbon (assemblée nationale) où il représentait le Congo et le Gabon. Il créa le parti progressiste congolais (PPC) proche du parti communiste français avec Monsieur LOUNDA Aubert. Il est aussi cofondateur du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) avec Félix Houphouët BOIGNY.
Né en 1903 à Libreville, Il fait ses études primaires à Loango puis à Libreville avant d’être admis à l’école William Ponty au Sénégal ; il fut instituteur, secrétaire, comptable, et a travaillé également au Ministère d’outre-mer.
Le PPC de Felix TCHICAYA remporta toutes les consultations à l’assemblée territoriale en 1947, 1951, 1956.
Mais en 1957, il subit un revers aux élections municipales à Pointe Noire, car son ancien lieutenant Stéphane TCHITCHELLE, passé à l’UDDIA de Fulbert YOULOU y est élu maire.
Cette défaite sonne comme un avertissement pour le parti de Felix THICAYA, qui connait une usure du pouvoir, et des démissions d’autres cadres comme Emmanuel Dadet Damonghot, Pierre GOURA et Simon Pierre KIKHOUNGA NGOT s’en suivront.
Le second leader politique est Jacques OPANGAULT né en 1907 à Ikagna près de Boundji dans la partie septentrionale du Congo. Après des études chez les missionnaires, il choisit la carrière judiciaire et deviendra greffier.
Il crée un parti politique, le Mouvement Socialiste Africain (MSA) émanation locale de la SFIO.
Homme d’une certaine droiture, il joue pleinement son rôle d’opposant à THICAYA entre 1946 et 1957, date à laquelle son parti obtient 23 sièges sur 45 à l’assemblée territoriale, les 22 autres revenants à l’UDDIA de l’Abbé Fulbert YOULOU.
C’est lui qui est chargé de former le premier gouvernement congolais issu de la loi cadre .On y retrouve l’Abbé Youlou comme Ministre de l’Agriculture, Stéphane TCHITCHELE Ministre des affaires Sociales, Simon Pierre KIKHONGA NGOT etc…..
Mais en novembre 1958, il est victime du débauchage d’un de ses députés Georges Yambo, faisant ainsi basculer sa fragile majorité. Il s’ensuit des émeutes à Brazzaville et Pointe Noire au début de 1959.
Ce sont là les premiers incidents qu’ont connus les populations du Moyen Congo, territoire qui était sur le point d’obtenir son indépendance, c’est à dire la gestion de ses propres affaires et de prendre son destin en mains.
Le troisième leader, l’Abbé Fulbert YOULOU est né en 1917 à Madibou, non loin de Brazzaville ; il fut notre premier Président de la République de 1959 au 15 août 1963.
Après des études au séminaire de Mbamou, et au grand séminaire au Cameroun, il sera ordonné prêtre en 1946.
Ayant eu des problèmes avec sa hiérarchie, particulièrement avec Monseigneur Michel Bernard, il est suspendu puis envoyé à Mindouli par mesure disciplinaire en 1954. De là il décide de se lancer ouvertement en politique, en se présentant comme une victime de la hiérarchie européenne de l’Eglise catholique ; il connait alors une ascension fulgurante et en 1956, son parti l’UDDIA remporte les élections municipales à Brazzaville, Pointe Noire et Dolisie. Il accède ensuite à la magistrature suprême de manière controversée après avoir débauché un député MSA, et renversé ainsi le gouvernement de Jacques OPANGAULT.
Il conduit le pays à l’indépendance en août 1960, mais sera renversé trois ans plus tard le 15 août 1963 par un soulèvement populaire.
Aussi, en analysant cette période, l’on peut relever que de 1946 à 1957, la scène politique était dominée par le PPC et le MSA. Aucune émeute ni même un affrontement à connotation ethnique n’a marqué cette période. L’ensemble du pouvoir politique et surtout administratif était le fait de la puissance coloniale. Si des manipulations ont pu être observées, elles ne se sont jamais traduites en animosités ethniques ou régionales.
III- L’avènement de la République et la proclamation de l’indépendance
Les premières tensions politiques ont apparu à l’approche de l’indépendance, car il se posait désormais le problème de la gestion de notre pays par les nationaux.
Les émeutes de 1959 suite au renversement de la majorité MSA au profit de l’UDDIA de l’Abbé YOULOU, ont duré environ trois jours et des négociations sérieuses ont eu lieu entre les parties pour ramener la concorde nationale.
Le Président YOULOU et son challenger OPANGAULT firent ensuite une tournée dans le pays pour le faire comprendre aux populations. Le message était clair : la victoire d’un parti politique ne devrait pas être comprise comme la mise à l’écart d’un groupe ethnique par un autre dans la gestion de la chose publique et partant dans la répartition de la richesse nationale.
C’était là un acte d’une haute portée politique ; il révèle la capacité des dirigeants à transcender leurs querelles pour affirmer la primauté de l’intérêt national.
Des membres du MSA entrèrent au gouvernement car les négociations avaient amené chaque parti à faire des concessions pour sauver la République naissante.
Cependant, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ne signifiait pas la fin totale de leurs divergences, mais désormais les problèmes devraient être réglés autrement que par des affrontements violents. La nation étant naissante, les populations peu scolarisées, qui ne se connaissaient pas encore bien, étaient tentées de s’aligner derrière un leader politique sur la base du terroir ou du groupement ethnique.
Entre temps au sein de la classe politique, des passerelles s’étaient créées entre les leaders de différents partis, ainsi que des personnalités civiles de divers horizons.
Si le MSA comprenait des dirigeants de la partie méridionale du pays, comme Simon Pierre KIKHOUNGA NGOT, THEOUSSE Bernard, ou Germain BICOUMAT, et disposait d’un électorat important dans le Niari, Jacques OPANGAULT avait également comme ami, un homme d’affaires originaire de la région de Boko, le Commerçant André BIKOUMOU. Ils s’étaient connus en fréquentant un ami commun de nationalité française et s’appréciaient mutuellement et sincèrement.
André BIKOUMOU paiera chèrement cette amitié car cet homme d’affaires prospère verra ses menuiseries et autres biens détruits dans le quartier de Bacongo où il résidait, pendant les émeutes de 1959. Il s’exilera alors à Bangui.
Mais au sein même du gouvernement, Jacques OPANGAULT avait des relations particulières avec le Ministre NZALANKANDA Dominique et le Maire Joseph SENSO de l’UDDIA.
Le Ministre NZALANKANDA avait l’habitude de passer le dimanche, une fois tous les trois ou quatre mois en compagnie de son ami Jacques OPANGAULT. A la fin de sa vie, ce dernier avait exigé que Monsieur NZALANKANDA assiste à ses obsèques à Boundji.
La droiture et le respect de la parole donnée chez Monsieur Jacques OPANGAULT inspirait de la confiance auprès de ses interlocuteurs.
Cependant, le premier évènement douloureux qui marqua la jeune République après l’indépendance fut la déportation des matsouanistes. Ces citoyens originaires de la région du Pool comme le président de la République,= contestaient son autorité et se revendiquaient de l’obédience de MATSOUA André Grenard, dirigeant de l’Amicale pourtant déjà mort en prison. Le président de la république prendra la décision de les expulser de la région du Pool essentiellement vers la partie septentrionale de République où ils s’établirent pendant longtemps dans des conditions précaires.
Entre temps, comme les divergences avec le Président YOULOU persistaient, Monsieur Jacques OPANGAULT décida de quitter le gouvernement et se retira à Boundji en 1962. Mais le mécontentement social s’amplifiait, le Président Youlou entrepris de convaincre son collègue de revenir au gouvernement. Il initia une correspondance que nous mettons à votre disposition, où non seulement se traduit un respect mutuel , mais également leur profond patriotisme.
Après son retour au gouvernement en mars 1963, ils seront renversés quelques mois plus tard par le mouvement populaire des 13/14 /15 août.
Se trouvant à Rome en cette période, Jacques Opangault regagna Brazzaville et après avoir refusé les propositions qui lui étaient faites, il exigea de rejoindre le Président Youlou en prison. Il ne tolérait aucun coup bas.
Pendant près de trois ans, son compagnon de détention était le ministre Stéphane Tchitchelle, pourtant issu de l’UDDIA. Leur détention n’a fait que renforcer leur amitié et leur patriotisme.
IV- Des Enseignements à tirer pour le « vivre ensemble ».
En procédant à l’analyse du Moyen Congo à la République du Congo, l’on peut considérer que nous sommes encore une nation en formation dont le processus de maturation qui a été parfois douloureux, reste encore long et parsemé d’embûches.
Ce processus n’ a pas été facile à bien des égards et à ce sujet l’on peut citer quelques évènements qui surviendront après la révolution de 1963 :
- L’assassinat des hauts fonctionnaires Lazare Lin MATSOCOTA , joseph POUABOU et Anselme MASSOUEME en 1965 ;
- Les évènements du camp Biafra avec la défense civile ;
- Lae coup d’état manqué de KIGANGA ;
- Le coup du M22 suivi de la mort d’ange Diawara , IKOKO et leurs compagnons ;
- La fin tragique des Présidents Alphonse Massamba-Débat et Marien Ngouabi ;
- L’assassinat du Cardinal Emile BIAYENDA ;
- Les évènements de 1997 ;
- Les guerres successives dans le Pool depuis 1998.
Malgré ce chapelet d’ évènements tragiques, rien ne doit empêcher notre pays à devenir une véritable nation où il ferait bon de vivre ensemble.
Mais qu’est-ce qu’une nation en réalité ?
C’est avant tout une communauté déterminée d’individus. Elle n’est pas une communauté de races ni de tribus, mais une communauté d’hommes historiquement constituée.
Ce n’est pas un conglomérat accidentel, mais une communauté stable d’hommes partageant le même destin. Certes , ce critère seul ne suffit pas car il faut y ajouter la communauté de territoire administrativement parlant, ainsi que la communauté de langue.
A cela il faut également ajouter la vie économique commune car cette cohésion économique est à l’origine du processus de création de la richesse nationale, des échanges entre agents économiques et du mouvement des populations à la recherche du travail dans des bassins d’emplois.
Un autre critère peut y être joint : c’est la formation psychique appelée caractère national qui se manifeste à travers la culture ou plutôt l’exception culturelle d’une nation.
Pour nous résumer, la nation est une communauté d’hommes stables, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit par la communauté de culture.
Le caractère national c’est la somme des indices distinguant les hommes d’une nationalité de ceux d’une autre, un complexe de qualités physiques et morales qui distingue une nation d’une autre. Par exemple, un Kongo de RDC, devient différent de celui de l’Angola ou de la République du Congo, même s’ils ont une communauté de langue.
Les critères ci-dessus cités sont-ils vérifiables pour notre pays ? A mon humble avis, cela est vrai même si beaucoup de choses restent à parfaire. Si nous nous retrouvons ici pour échanger sur « le vivre ensemble », c’est à dire sur la cohésion de la nation, c’est qu’il existe encore des frustrations profondes voire des déchirures au sein de notre peuple.
Ainsi la question reste posée au sujet du futur de la communauté d’hommes qui forment notre Etat-nation. Que restera-t-il de cette communauté dans dix, vingt ou cinquante années ? quel héritage laisserons nous à nos descendants car une communauté divisée restera la proie des voisins plus puissants.
Exceptés quelques cassandres, l’ensemble des congolais, particulièrement ses élites émargeant dans les différents partis politiques ou de la société civile, semble déterminé à construire une nation cohérente et moderne où il ferait bon de vivre ensemble, malgré les écueils ou autres divergences.
L’on retiendra d’abord que la fragilité de la cohésion nationale se manifeste particulièrement lors du passage au « révélateur » des élections, qui demeure un moment fatidique pour le choix des mandataires politiques ou sociaux.
Si dans des pays comme le Cap vert, l’Ile Maurice, le Sénégal, et d’autres cela semble être résolu, dans beaucoup d’autres pays africains , ce problème demeure une pomme de discorde permanente. Notre pays n’y échappe pas encore totalement., car ce processus reste à parfaire en partant des programmes des partis où les entrepreneurs politiques cachent mal une mobilisation ethnique ou clientéliste, puis en examinant un fichier électoral loin d’être consensuel, jusqu’aux décomptes des résultats qui, pour la majorité de la population, ne portent pas véritablement une marque de sincérité au sein de l’opinion publique.
Aussi, les élites intellectuelles et politiques congolaises doivent-elles être constituées d’hommes sincères, hommes de parole, afin d’instaurer un climat de confiance indispensable à la gestion de la chose publique. Outre les outils traditionnels nécessaires à la bonne marche d’un Etat moderne comme la séparation des pouvoirs, les leaders doivent trouver le moyen de faire comprendre au peuple que l’accession d’un citoyen à la magistrature suprême ne pourrait se faire au détriment des autres ethnies ou groupes sociaux. Une telle pratique ne pourrait engendrer que des frustrations sociales nocives et destructrices, voire un recul dans le développement de la nation.
Par ailleurs, d’autres pistes peuvent être explorées afin de raffermir la cohésion nationale et instaurer un vivre ensemble sincère. Il s’agit de :
- La création d’autres instruments juridiques ayant vocation à rassurer l’ensemble des ethnies ou groupes sociaux et à proscrire la violence ;
- L’amélioration du système éducatif ;
- L’amélioration de la gestion de la chose publique ;
- Une lutte résolue contre l’impunité ;
- Le choix des cadres dirigeants sur la base de la compétence et non du clientélisme ;
- Le développement accéléré du monde rural ;
Il faut cependant relever que le processus de formation de toutes les nations modernes n’a jamais été un long fleuve tranquille. Mais à chaque écueil ou crise, les dirigeants et les populations doivent trouver des solutions idoines pour avancer dans la construction de leur nation. Cela implique des efforts et des concessions de chaque partie pour la mise en œuvre d’un Etat de droit.
A ce propos, il me souvient que le 1er Novembre 2018, à Oyo le président de la république en recevant une délégation des sages du Niari qui lui posaient les problèmes de développement de leur département, avait déclaré à ses hôtes : « quoiqu’il en soit, le Congo devra connaître son développement pourvu que les fils de ce pays arrivent réellement à s’entendre et rester unis ».
Les élites de notre pays doivent comprendre la mission noble et sacrée qui est la leur, car le niveau de frustration et de déchirures au sein de notre peuple reste réellement préoccupant. Plus cette fracture s’accroit, plus la perspective de construire une nation unie et prospère s’éloigne. Il faut donc de l’audace. Cela commence toujours par une élite qui au départ peut être minoritaire dans le pays, mais qui au fil du temps finira par emporter l’adhésion d’une majorité de la population.
Chaque congolais sur n’importe quelle partie de notre territoire doit se sentir chez lui et ne manifester aucune inquiétude.
Notre pays ne pourra connaitre aucun développement si ses filles et ses fils ne peuvent pas vivre ensemble. Aussi, les frustrations des uns et des autres doivent-elles être réglées par l’Etat de droit et la sagesse de nos ancêtres. Tous les Congolais sont condamnés pour longtemps à vivre ensemble beaucoup plus pour le meilleur que pour le pire. Avec beaucoup de volonté et de bonne foi, nous atteindrons cet objectif le plus tôt possible.
Emile OPANGAULT
XXXXXXXXX
LETTRE DU PRESIDENT FULBERT YOULOU
A SON AMI JACQUES OPANGAULT
( 20 mars 1963)
TRANSCRIPTION
---------------------
Présidence de la République
à Monsieur jacques OPANGAULT
PR/320
Mon cher AMI,
Il ne peut vous échapper qu'avant de m'entretenir avec vous, il me serait particulièrement agréable d'être tenu informé avec précision et sans ambiguïté de vos intentions présentes et futures.
Connaissant l'amour passionné que vous avez pour notre patrie, je vous ai demandé d'apporter votre aide constructive à l'édification de notre beau pays ; C'est dans ce sens que je vous demande maintenant de me dire , et ce avec franchise et sans équivoque, quel est votre point de vue sur ces sujets particuliers.
Je sais combien vous êtes attaché à notre CONGO, et nul ne peut ignorer et n'ignore ce que vous avez fait dans le passé pour le développement harmonieux de notre nation et pour son épanouissement actuel.
En toute sincérité , je dois vous le dire et, je vous le dis, car cela est la vérité, votre lutte acharnée pour la liberté et votre combat valeureux pour l'émancipation de notre jeune République, font de vous un grand congolais.
C'est dans cette optique que je prendrai toutes les mesures , aux fins de vous permettre de tenir le rang auquel vous pouvez prétendre.
Je vous demande donc, avant d'avoir le plaisir de vous recevoir, de bien vouloir répondre à cette lettre , ce qui me permettra de prévoir le thème du 2éme entretien que j'aurai à ce moment-là, la joie de vous accorder.
Je vous prie d'agréer, mon bien cher ami, l'expression de nos sentiments les meilleurs et ma plus haute considération.
ABBE FULBERT YOULOU
Président de la République
Source : DAM : direction des affaires africaines et malgaches du quai d’Orsay, ministère des affaires étrangères FRANCE
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Réponse de Monsieur JACQUES OPANGAULT
au Président FULBERT YOULOU,
suite à sa lettre no 320 de mars 1963
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TRANSCRIPTION
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Monsieur le Président de la République
Chef du gouvernement
Abbé FULBERT YOULOU
BRAZZAVILLE
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Monsieur le Président,
C'est avec un vif plaisir que j'ai lu votre lettre no 320 du mois de mars courant .
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier franchement de vos exaltantes appréciations à mon égard.
Malgré les médisances et les rumeurs absurdes, je pense que vous aurez toujours un bon souvenir de notre collaboration au sein du Gouvernement de la République.
La seule condition est d'être utile à notre cher Papa (le CONGO) .
Vous êtes sans ignorer les souffrances que j'ai endurées sous le régime colonial pour atteindre mon idéal qui est toujours de servir notre CONGO.
A cet effet, j'emploierai toute mon énergie qui me reste encore et, je la mettrai à votre disposition en toute dignité et en toute considération attachée à mon tempérament.
Je vous prie Monsieur le Président, de croire à l'expression de ma haute considération.
JACQUES OPANGAULT
Vice-président démissionnaire
28 mars 1963
Par louis aimé MPASSI
ADDCF
Association pour la Défense des Droits des Congolais en FRANCE
Source : DAM
Direction des affaires Africaines et Malgaches
Ministère des affaires étrangères FRANCE QUAI D'ORSAY
REF/ 323 QONT 11
NB : au cours de nos précédents TRANSCRIPTIONS et actes sous seing privés, nous n'avons cessé de rendre hommage à cet illustre personnage, que nous n'avons guère connu mais que nous avons découvert à travers des témoignages et des actes indélébiles qu'il a posé en sa qualité de gouvernant . Encore une fois, nous souscrivons à nos écrits antérieures, aux fins de mettre en relief JACQUES OPANGAULT et sa noble vision pour le CONGO car, comme disait CICERON, « s’il ne se passe rien, écrit pour le dire ». Merci de nous croire.
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