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Sassou : la ruée vers les devises

politique
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A Brazzaville toute la classe politique a les yeux rivés sur Washington, attendant fébrilement le 11 juillet. En effet, le tortueux dossier congolais vieux de trois ans sera examiné ce jeudi. Cependant, une importante frange de la population, notamment les bannis et pestiférés du pouvoir, loin d’être dupes, n’en attendent rien.

 

Ces exclus du système savent que ce n’est pas la première fois que le pouvoir de Brazzaville fait la manche aux comptoirs du Fonds Monétaire International ou de la Banque Mondiale. Accord ou pas accord avec le FMI, ils n’ignorent pas non plus que toutes ces tractations sont guidées par des intérêts mafieux et orchestrées par les toujours mêmes dirigeants argentivores aux pratiques fétichistes et assoiffés de sang.

Il est acquis pour tout le monde que dès lors que Brazzaville aura empoché son chèque estampillé FMI, son activité principale redeviendra la dilapidation des fonds obtenus et la conservation du pouvoir. Il s’agit là d’une préoccupation constante de ce régime par ailleurs vieux en diable. Ne se souvient-on pas des contorsions antérieures et récurrentes auprès du Fond Monétaire International ? C’est en cela que le FMI a sa part de responsabilité dans la survie de ce pouvoir. Il devra prendre activement part lorsque sonnera l’heure de la reconstruction.

Pendant que les lobby s’activent et que les griots du pouvoir font illusion, un vent de panique souffle chez les dirigeants congolais. Les interminables négociations avec le FMI ont laissé des traces. Par ailleurs, la perspective d’une dévaluation du franc CFA qui enfle dans la zone CEMAC effraie les dignitaires du pouvoir. Les pays de l’Afrique de l’ouest, plus orthodoxes en matière budgétaire, envisagent sérieusement de quitter le franc CFA et de lâcher dans la foulée les canards boiteux de l’Afrique centrale, au profit de l’Eco, leur future monnaie

Les dignitaires du pouvoir de Sassou qui avaient siphonné le trésor public en amassant des colossales fortunes dans des cachettes privées se sont rués vers les banques afin de se débarrasser de leurs francs CFA au profit des devises étrangères, notamment l’euro ou le dollar us. Asséché, le Congo se retrouve à court de liquidités. Western-Union ainsi que Moneygram ont suspendu leurs activités y afférentes.  

Dans ce pays qu’est le Congo-Brazzaville où par-delà les deuils, l’on n’aperçoit que le néant, l’essentiel de l’œuvre de l’infatigable bâtisseur du Congo, n’aura été que l’expression d’une fâcheuse régression sociale et économique du pays. S’appauvrir à partir d’immenses richesses que l’on possède, c’est, hélas, l’unique résumé de cet interminable règne de Sassou.

Ce paradoxe des richesses qui appauvrissent plutôt que d’élever le pays découle de l’égoïsme des dirigeants et de leur incapacité à promouvoir la vertu et la paix. La vélocité d’exploitation du pétrole à flots ininterrompus et du saccage de nos forêts est fortement corrélée à l’enrichissement personnel des proches du pouvoir. Devenus plus riches que le pays, certains d’entre eux possèdent même des puits de pétrole !

On ne saura jamais s’ils étaient incapables ou incompétents. Mais chaque goutte du pétrole congolais dégage l’odeur d’un vol.

L’orchestration de la dilapidation des richesses du Congo est d’une ingénierie très élaborée et aboutie. Du tribalisme local à l’internationalisation des réseaux affiliés aux puissances occidentales, à la Chine et à la Russie (dans une moindre mesure), la tambouille congolaise se révèle mondiale.

Mêlant corruption, haute trahison, violence d’état, dilapidation des deniers publics, saccage de l’administration du territoire et de l’école, confiscation de l’appareil étatique et des libertés, basculement de l’armée républicaine en une milice ethnique, effondrement du plateau sanitaire, biens mal acquis, impunité, dépravation des mœurs, inversion des valeurs, le pouvoir de Brazzaville est un avatar néocolonial qui renvoie les congolais dans les tréfonds de leur triste histoire d’esclavage.

Depuis près de trois ans maintenant que le pot-aux-roses d’une partie de la colossale dette cachée à ce jour indéchiffrable fut révélé au grand jour, Brazzaville fait le pied de grue aux les comptoirs du FMI. Curieux membre de l’OPEP, grand corrupteur devant l’éternel, le Congo apparaît fauché comme un rat d’église. Tout porte à croire que le pays vit une banqueroute que les dirigeants essaient de masquer tant bien que mal.

Christine Lagarde qui, semble-t-il, ne pouvait rien refuser à Sassou pour avoir mangé dans sa main, a néanmoins trainé les pieds tout en pointant du doigt la mal gouvernance de l’autocrate congolais. Où es-tu peuple congolais pour ne pas saisir le message de fond émis par la désormais ex-patronne du FMI ? Pendant ce temps, les auteurs de la banqueroute continuent de brader et de gager les richesses du pays. Que les autorités congolaises tiennent leur computeur à jour et nous livrent le cumul des montants empochés par elles depuis le début de l’exploitation de cet or noir au Congo. Et en face, le peuple remplira la colonne de ses malheurs.

N’en déplaise aux grillots et opportunistes surfant sur la fibre tribale, n’en déplaise également aux courtisans du régime de Brazzaville toujours prompts à remonter le temps et à falsifier les données historiques afin de voler à la rescousse des prédateurs et bourreaux du peuple, chaque écolier où qu’il soit assis à même le sol dans une classe aux effectifs proches de la déshumanisation sait qui en est le responsable. Chaque élève, où qu’il soit dans un collège s’apparentant à une étable, sait qui a pris en otage toute leur génération. Chaque étudiant, végétant à Brazzaville ou ailleurs ou rapatrié manu militari de Cuba, sait qui est le responsable de l’évaporation de ses rêves.

Plus largement, chaque congolais, où qu’il soit, dans un hôpital ou entassé dans un foula-foula évoquant les défunts bus « mal à aise » ou en errance le ventre vide dans une ruelle insalubre et mal famée du Congo, sait qui est le responsable de cette situation. Chaque citoyen aux droits bafoués, qu’il soit aux arrêts ou en pseudo liberté de cette prison à ciel ouvert sait qui est son oppresseur qui lui fait miroiter les chimères des fonds pour les futures générations.

Abraham Avellan WASSIAMA

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