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De quel dialogue parle-t-on au Congo ?

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S’il est un mot qui fleurit dans la bouche des hommes politiques au Congo c’est bien celui de dialogue.

Le dialogue, sorte d’états généraux de la nation, est réclamé par l’opposition congolaise de longue date.

Pour tuer cette idée de l’opposition dans l’œuf, le pouvoir s’en est emparé et a organisé la concertation d’Ewo avant celle de Dolisie. Il s’agissait en réalité d’un attrape-nigaud, un piège tendu par le PCT et dans lequel quelques naïfs se sont fait prendre.

Aujourd’hui encore, depuis que Sassou a manifesté sa volonté de mourir au pouvoir en mettant dans la tête de faux sages créés de toute pièce l'idée de modifier la Constitution, une constitution qui l’empêche de se présenter l’année prochaine à l’élection présidentielle, aussi bien le pouvoir que l’opposition évoque à nouveau la nécessité de la tenue d’un dialogue national.

Un dialogue, oui mais quel dialogue et pour quoi faire alors que l’élection présidentielle approche à grands pas ?

Du côté du pouvoir, échaudés par l’exemple burkinabè, Sassou et son parti le PCT ont renoncé à modifier la constitution par la voie parlementaire, par peur du peuple, lequel risquerait de descendre dans la rue. Trop risqué.

On propose donc la tenue d’un dialogue. La stratégie, c’est de rouler tout le monde dans la farine comme lors des concertations d’Ewo et de Dolisie. L’idée c’est de faire croire que la classe politique congolaise s’est assise autour d’une table et a discuté entre autres questions, de la modification de la Constitution. Un « dialogue » à l’issue duquel le chef de l’Etat « trancherait », en soumettant un nouveau texte constitutionnel à référendum, un texte qui lui offrirait le loisir de se présenter à nouveau aux élections présidentielles.

Le schéma dans lequel se situent Sassou et le PCT n’est pas nouveau : il ressemble comme deux gouttes d’eau au « dialogue national » taillé sur mesure que ces derniers avaient organisé à Brazzaville du 17 mars au 14 avril 2001 à la suite duquel fut adopté… le projet de constitution de 2002.

A ce sujet, le Collectif des organisations non-gouvernementales de défense des droits de l’homme et de développement démocratique (CDHD) dans son rapport sur le processus électoral à l’époque écrivait ce qui suit, en 2001 : « En réalité, le dialogue national n’a finalement servi qu’à avaliser le projet de Constitution du gouvernement : il s’est dévoyé en préliminaire référendaire, comme si les conflits congolais ne trouvaient leurs sources que dans la loi fondamentale. Depuis la fin du dialogue, le gouvernement se livre à une course effrénée dans la relance du processus électoral en l’absence de tout cadre consensuel, en cultivant le mensonge et en faisant voter par le Parlement qu’il a mis en place des lois importantes qui nécessiteraient davantage de neutralité ».
A bon entendeur…

Le dialogue, Bokamba Yangouma, opportunément sorti d’une semi retraite, l’évoque également. Avec une myriade d’associations et de partis sortis de nulle part, il a publié un « manifeste de la Dynamique pour la convocation d’un dialogue politique inclusif par le chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso ».L’objectif serait de se réunir pour éviter que le Congo ne soit confronté de nouveau aux guerres civiles du passé. Touchant.

Quant au Collectif de l'opposition congolaise composé d’hommes politiques comme Clément Miérassa, Mathias Dzon, Guy Romain Kinfounsia, Christophe Moukoueke, Jean Itadi… il a réclamé encore ce jeudi 26 février « la tenue du dialogue en mars ». Un « vrai dialogue national inclusif pour analyser la situation politique préoccupante actuelle et y trouver des solutions consensuelles et adéquates ».

Et Clément Miérassa de préciser : « Nous n'acceptons de dialogue sur le changement de constitution. Sur ce point, notre position est claire. Nous allons au dialogue pour les questions de gouvernance électorale et voir comment préparer en 2016 l'alternance démocratique dans notre pays. Si de l'autre côté au PCT, on parle du dialogue en mettant en avant la question de la constitution, alors nous ne parlons pas de même dialogue, le nôtre n'évoquera pas la constitution ». Fermez le banc. Vous avez dit dialogue de sourds ?

Le principe de la tenue de l’élection en 2016 devrait pourtant être acté. Des élections organisées sur la base de l’actuelle constitution, comme en 2009. Pourquoi diable faire compliqué alors que les choses sont simples ? Le peuple congolais n’a vraiment pas de chance. Tout cela par la volonté d’un homme, d’un homme seul avec son clan qui veulent sauvegarder leurs intérêts y compris au prix de la vie et de la tranquillité de tout un peuple.

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