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Tenir et convaincre

politique
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Après le meeting de Pointe-Noire, l'opposition congolaise vient enfin de démontrer qu'elle peut mobiliser les Congolais. Reste à savoir si, dans les semaines à venir, elle sera capable de transformer ce bel essai en suscitant massivement l'adhésion de nos compatriotes à la noblesse de son combat. C'est le défi - pas mince au regard de notre sous-culture politique - que les chefs de parti rassemblés au sein de la plate-forme de l'opposition ont à relever.

¨Pour y parvenir, Sassou ne leur sera d'aucun secours. Bien au contraire. Acculé, incapable d'entendre raison et totalement aux abois, le chef du clan au pouvoir ne reculera devant aucun obstacle pour se maintenir au pouvoir, quitte à marcher à nouveau sur les cadavres de nos compatriotes. Hélas, cela nous ne le savons que trop bien. Dans un sens, cet aspect prévisible du personnage procure à l'opposition un avantage indéniable et non négligeable en lui évitant ainsi de tomber dans les pièges et les provocations inévitables d'un pouvoir en quête du moindre prétexte pour réprimer toute contestation et procéder aux arrestations arbitraires de ses opposants. Les Congolais ayant cessé d'avoir peur, attendent Ndenguet et ses acolytes de pied ferme. C'est le message à faire passer avec constance et fermeté, mais surtout avec sang-froid.

Ce contre quoi l'opposition doit absolument se battre, ce n'est donc pas contre ce pouvoir finissant et agonisant, mais contre ses propres démons. Et parmi ces démons, je citerai notamment ceux de la division, du culte du chef et de l'absence de débat démocratique. Jusqu'ici, elle semble - et c'est tant mieux - résister aux querelles intestines qui ont permis à Sassou et son à son PCT (bien que extrêmement minoritaire) de faire main basse sur notre pays. Je doute qu'ils aient enfin compris cette maxime pourtant vieille comme le monde qui dit avec justesse que seule l'union fait la force. Tant qu'ils continueront d'avancer ensemble, je me garderai bien de leur faire tout procès d'intention, sans perdre de vue que les politiciens congolais nous ont habitué à des prises de position sans queue ni tête embrassant aujourd'hui ce sur quoi ils ont vomi hier, et vice versa.

Le culte du chef est une véritable bombe qu'il serait inconscient de prendre à la légère. Tout à leur rêve de président de la République, nos chefs de parti se montrent incapables de faire la part des choses en distinguant l'essentiel de l'accessoire. Dans le contexte dramatique dans lequel se trouve notre pays (pauvreté, chômage endémique, corruption, népotisme, services publics à l'abandon, etc.), l'important aujourd'hui n'est pas de savoir qui sera candidat en 2016, mais de nous débarrasser de Sassou et de son pouvoir clanique dont tous les leviers sont aux mains de ses enfants, ses neveux, ses cousins, ses gendres et les membres de son groupe ethnique. Les annonces successives de candidatures à la présidence de la République des uns et des autres (dont je ne conteste pas la légitimité) ternissent l'engagement de combattre sérieusement ce régime, et portent en elles les germes de la division.

On s'en fout de savoir qui de Dzon, de Mabiala, de Tchicaya, de Kolelas, de Bowao et j'en passe sera président demain. Le seul et unique objectif qui devrait occuper tout ce beau monde en ce moment est de se lancer à corps perdu dans la bagarre contre Sassou et le PCT, uni derrière le seul étendard qui en vaille la peine, celui du peuple congolais. Une fois ce régime vaincu (Sassou n'est pas encore mort. Ils auraient donc tort de l'oublier en l'enterrant aussi vite), chacun aura tout le temps de sortir son propre drapeau de sa poche pour concourir librement sous ses propres couleurs comme dans n'importe quel pays démocratique.

L'absence de démocratie au sein des partis de l'opposition, justement, c'est l'autre gros démon contre lequel il faut se battre. C'est la maladie infantile de nos chefs de l'opposition. Habitués à s'autoproclamer président et à s'auto désigner candidat à la présidence de la République, ils tiennent en horreur la libre consultation de leurs militants (quand il en existe) ce qui du reste ne manque pas d'inquiéter sur leurs intentions une fois arrivés au pouvoir. Le moment serait peut-être venu de remettre en question ces pratiques d'un autre temps qui ont le tort de voir dans nos compatriotes non pas des électeurs adultes capables de choisir librement la personne qu'ils pensent capable de diriger le pays, mais des clients tékés, mbochis, kongos, vilis, bembés, kouyous, bomitaba qui suivent aveuglément le politicien téké, mbochi, kongo, vili, bembé, kouyou, bomitaba. Adressez-vous à l'intelligence des Congolais, pas à leur instinct de repli identitaire.

Vu de l'étranger, Sassou passe pour être un homme sans opposant au Congo. En effet, qui, aujourd'hui, porte la parole de l'opposition hors de nos frontières ? Hélas, personne. L'opposition manque de visage. A force de s'auto neutraliser, ils accréditent donc l'idée sur laquelle surfe le pouvoir, et selon laquelle Sassou assure la stabilité du Congo alors que c'est tout le contraire. L'opposition aura tout à gagner à désigner démocratiquement la figure qui portera sur ses épaules les espoirs du changement, quitte à en faire un leader de transition dont le rôle est de toiletter nos institutions (réduire le mandat présidentiel à 5 ans, supprimer le sénat, qui ne sert à rien, renforcer les pouvoirs et l'autonomie des régions...). En d'autres termes, cet homme ou cette femme aura pour mission de faire le ménage dans ce merdier hérité des années Sassou. S'engager sur cette voie sera à la fois une preuve de maturité politique et sûrement une initiative convaincante que l'opposition est déterminée à aller au bout du combat contre ce pouvoir corrompu en vue non pas de remettre, mais de mettre le pays sur les rails.

Musi Kanda

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Brève

Lu dans le bihebdomadaire congolais " La Semaine africaine "

Les quartiers Sud de Brazzaville privés de nouvelles voiries urbaines ?

Avec les jeux africains, la zone Nord de la capitale congolaise connaît un rapide développement routier. On en est déjà à la troisième sortie Nord qui se jette, d’ailleurs, sur un viaduc de sept kilomètres, au bord du fleuve Congo. Le premier du genre dans le pays. La deuxième sortie Nord, par Ngamakosso et Djiri-Manianga, est en pleine réhabilitation. Bientôt, les bouchons et autres embouteillages ne seront plus qu’un vieux triste souvenir, dans cette zone.

En revanche, les quartiers Sud de la capitale semblent en marge de ce développement routier. En dehors du stade en construction à la place Bernard Kolélas, il n’y a pas d’autres projets relatifs à ces jeux africains. La route de la Corniche (de la Case De Gaulle au pont du Djoué) ne débouche que sur le même pont du Djoué qui est déjà encombré, aux heures de pointe. On ne voit pas venir les travaux du second pont sur le Djoué, reliant les quartiers Kinsoundi à Mayanga. Pourtant, les appels d’offres avaient été lancés, il y a plus d’un an, par la Délégation générale des grands travaux. Mais, depuis, plus rien. En tout cas, les embouteillages sur la route du Djoué sont tels que le Gouvernement devrait urger la construction de ce deuxième pont, pour soulager les populations de ‘’Shimou-Djoué ".

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