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Disparition d’un authentique intellectuel congolais : Côme Mankassa

politique
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L'information est malheureusement passée inaperçue. Il s’agit pourtant de la disparition, le 14 juillet dernier, d’un des intellectuels congolais les plus brillants de sa génération : Côme Mankassa. Les Congolais l’ont vraiment découvert à la Conférence nationale quand il prononça un discours assez visionnaire, dans lequel il transportait son auditoire dans le futur, celle de la vision que nos enfants et petits enfants allaient avoir de cette  grande messe.

Pourtant Côme Mankassa avait déjà un long passé de touche à tout derrière lui.

Né en 1936 il a été tour à tour journaliste, sociologue, écrivain et homme politique.

Esprit curieux et libre, grand liseur, il fut instituteur, directeur d’école et rédacteur en chef, à 26 ans, de " La Semaine Africaine " avant l’indépendance du Congo. C’est à ce titre qu’il traversa le fleuve Congo pour interviewer le Premier ministre Lumumba, un sujet dont il n’était pas peu fier. Il avait également couvert les évènements de l’indépendance du Congo en 1963. Diplômé de l’Ecole de journaliste de Lille (une école où il fut par la suite chargé de cours), il était titulaire d’un doctorat d’Etat es lettres et sciences humaines, d’un doctorat de troisième cycle en sociologie de l’Université de Paris Panthéon La Sorbonne et fut ancien élève de l’Ecole pratique des hautes études.

Il fonda dans les années 70 « l’Effort », un journal consacré aux questions économiques.

Fonctionnaire au ministère du Plan, professeur d’université, il dispensa des enseignements de sociologie à l’université Marien Ngouabi (il fut chef du département de sociologie). Il représenta également le Congo au Sénégal en qualité d'ambassadeur.

Pendant le gournement de Transition en 1992, suite à la Conférence nationale, il hérita du ministère de la Culture. Puis il fonda un parti politique, l’Union congolaise des républicains. Il fut même candidat à l’élection présidentielle de 2002.

Il embrassa de même une carrière littéraire. Il avait toujours sous le bras nombre d’ouvrages écrits mais pas toujours publiés tel, sauf erreur, celui consacré à la vie d’André Matsoua ou " Le sociologue et le politique ".

Il est l'auteur du roman " Le chevalier de Soyo " (Presses de la G.I.A (Dakar).

" Mwinda " eu le bonheur de commenter son dernier ouvrage « France : grandeur perdue », publié chez L’Harmattan en 2008.

" Je suis un subversif et l'erreur me convient puisque je subviens à mes besoins. C'est par la subversion, la rébellion, la désobéissance que je suis parvenu à la connaissance. La légalité n'assurait que l'innocence de ma naïveté. Puis, j'ai rencontré le " serpent atypique " et je suis devenu l'homme de la modernité permissive. Alors quelle éthique, alors quel Dieu sacré ou laïcisé comme sanction sociale ? Dieu, c'est-à-dire l'infinitude de l'univers à travers l'intelligence infernale, est-il limite de l'homme ou est-il accomplissement de l'homme ? Est-il quiétude ou est-il angoisse de l'homme ? Pourquoi est-il présent dans sa création alors qu'il aurait pu la rendre indépendante ? Pourquoi, de tout temps, la hante-t-il ? " disait-il.

Côme Manckassa vivait depuis quelques années en France. Reparti au Congo le temps d’être reçu par Sassou Nguesso le 4 juillet, lors des consultations que ce dernier organisa en prévision du « dialogue national », il s’est donc éteint à son retour de France.

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