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Clément Miérassa contre Henri Bouka

politique
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Tribune libre

Dans la bataille qui s’annonce âpre et homérique du contrôle, de la supervision et du décompte des bulletins de vote dans les urnes, en vue d’en déterminer l’heureux vainqueur, la plate-forme IDC-FROCAD est décidée de ne pas lâcher d’une semelle les épigones du « chemin d’avenir » réputés pour leur propension à la tricherie. A la stratégie d’encerclement, de saturation et de contournement échafaudée par l’opposition en vue de l’étouffement du candidat du PCT, Denis Sassou Nguesso, s’est dorénavant greffé le marquage à la culotte. Il s’agit pour la plate-forme IDC-FROCAD de ne pas lâcher prise.

Penalty

Comme au football, Clément Miérassa de l’alliance IDC-FROCAD a été choisi pour un marquage strict d’Henri Bouka du PCT. C’est donc à Clément Miérassa qu’incombe la mission de porter l’estocade à Henri Bouka, faire le « tacle » pour rester dans la métaphore sportive. La présidentielle anticipée du 20 mars 2016, dont le report a été exigé par le parti socialiste français le 7 mars 2016, ne devrait pas être, comme l’a prédit Denis Sassou Nguesso, une promenade de santé. La réaction effarouchée de l’exécutif à la demande de report de la présidentielle du 20 mars 2016 du parti socialiste français dénonçant le paternalisme et le colonialisme en est la parfaite illustration. La déclaration de François Hollande en faveur du référendum du 25 octobre 2015 de Sassou Nguesso avait pourtant tourné en boucle sur les chaînes publiques Télé Congo et Radio Congo. A l’époque, « du paternalisme et du colonialisme  » de la France, il n’y en avait point.

« Penalty  », c’est le titre de l’une des chansons du Trio Madjesi. C’est aussi la figure de style empruntée par Denis Sassou Nguesso pour justifier son hold-up présidentiel du 20 mars 2016. Le khalife d’Oyo a utilisé la métaphore du buteur pour qualifier la présidentielle du 20 mars 2016 : « Le 20 mars, ça sera un penalty tiré et marqué et puis c’est la victoire » a-t-il affirmé à (La voix de l’Amérique, 8 mars 2016). Certains footballeurs tirent et manquent le penalty. Denis Sassou Nguesso comptera peut-être parmi les joueurs qui ont envoyé le ballon dans le décor ou ceux qui ont vu le ballon arrêté par le gardien de buts. Que celui qui n’a jamais raté un penalty lève la main. Même le roi Pelé et Diego Maradona ne s’amuseront pas à porter en faux cette assertion. Pour les épigones du PCT qui soutiennent Sassou Nguesso et qui souhaitent sa victoire dès le premier tour, c’est « un coup, KO ». Pour les populations du Congo-Brazzaville qui rêvent d’alternance, «  après le KO, ce sera le chaos  ».

CENI v/s CTE

Dans un pays gangréné par la corruption et le clientélisme, miné par le soupçon où la parole officielle a perdu toute crédibilité et où les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, les populations du Congo-Brazzaville avaient compris la nécessité d’une réforme électorale et appelé de leurs vœux l’institution d’une commission électorale véritablement indépendante. C’était pourtant une bonne idée que les populations du Congo-Brazzaville avaient applaudi des deux mains. Les commentaires saluant la constitution de la CENI étaient unanimes. L’objectif de la CENI était accueilli avec enthousiasme. C’est ensuite que les choses se sont gâtées. Sur le fond, un certain nombre de dispositions ont été introduites par Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir  », de façon précipitée, brouillonne et opaque, au moment de la dernière ligne droite : le vote de la nouvelle loi électorale et la constitution de la CENI. Exit la composition paritaire de la CENI dont la disposition figure pourtant dans la loi électorale nouvellement promulguée, Exit le principe de l’indépendance de la CENI et enfin Exit la coupure du cordon ombilical qui lie la CENI à l’administration c’est-à-dire au ministère de l’Intérieur de Zéphirin Mboulou. Les populations du Congo-Brazzaville devront désormais se plier à la disparition de l’essence et la philosophie qui correspondaient à l’esprit et à la lettre de la CENI : l’indépendance.

Légitimité

Les épigones du « chemin d’avenir  » ont dévoyé la CENI. La CONEL a été transformée en CENI, une machine électorale au service de la victoire de Sassou Nguesso. Dès cet instant, toute confiance et toute fiabilité en la CENI se sont émoussées.
La Commission nationale électorale indépendante (CNEI) récemment mise en place avait « tout sauf le qualificatif d’indépendant » a déclaré l’ancien chef d’État-major. Jean-Marie Michel Mokoko a jugé légitime de « douter de la sincérité du processus électoral  ». La commission technique des élections (CTE) est désormais l’alter ego de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Deux légitimités s’affronteront à la présidentielle anticipée du 20 mars 2016. La légitimité institutionnelle dont la CENI de Henri Bouka est le porte-flambeau et la légitimité populaire incarnée par la CTE de Clément Miérassa. Les hommes de la CTE de Clément Miérassa seront déployés dans tous les bureaux de vote et transmettront les résultats affichés dans les bureaux après dépouillement au poste de contrôle (PC) qui les publiera. Les deux structures se balanceront les chiffres à la face. Une confrontation en perspective. Pas seulement des chiffres, des hommes aussi. Moto a séparé té.

Le statisticien Clément Miérassa de la CTE fera face au magistrat Henri Bouka de la CENI. Chaque structure électorale rendra publics les résultats. La guerre des scores sera engagée. Qui l’emportera ? Quel score sera plus fiable ? La CENI de Henri Bouka pourra-t-elle proclamer la victoire d’un candidat de l’IDC-FROCAD ? Quelle sera l’attitude de la communauté internationale au cas où la défaite de Sassou Nguesso serait annoncée par la CTE de Clément Miérassa ? De quels moyens dispose la CTE de Clément Miérassa pour imposer et faire valoir ses résultats ? Le score de la CTE sera-t-il jugé crédible et fiable par la communauté internationale, l’Union européenne, l’organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Union africaine (UA) ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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