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Quand Kolelas sollicite pour Mokoko, auprès de Sassou, une grâce sans objet

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Très trouble et équivoque donc le comportement de cet apprenti opposant qui, par ses propos, accrédite l'idée de monsieur 8 % comme le président légitime, puisqu’il va quémander auprès de lui une grâce sans objet, alors qu'il ne l'est nullement.

Qui conseille Parfait Kolélas ? On peut légitimement se poser la question au regard de certaines de ses sorties politiques.

Il y a quelques mois, au lendemain du hold-up électoral de Sassou, piqué par on se sait quelle mouche, le chef du MCDDI avait, comme un grand, et seul contre tous, déposé un recours devant la Cour constitutionnelle. Le fils de Bernard Kolelas expliquait alors qu’il voulait convaincre la Cour que Sassou n’avait pas gagné au premier tour, tout en reconnaissant que son recours avait peu de chances d’aboutir.

« Si je demandais à mes partisans de contester les résultats, je les mettais dans la rue. Ma politique n’est pas celle de la rue, ma politique doit respecter les textes de loi. » arguait-il.

Après le rejet de son recours, Kolelas pris acte et accepta finalement le verdit de la Cour. Comprenne qui pourra.

Hier 29 juillet, dans une conférence de presse à Brazzaville, Kolelas a remis le couvert. Après avoir indiqué qu'il s'était jusque-là astreint au silence car, tel une girouette, " il fallait observer où allait vent ", il a commencé par observer non sans raison que : " Le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont les fondements sacro-saints de la démocratie ". Pourtant il a ajouté que :

« Le général Mokoko n’a pas sa place en prison. J’espère que le 15 août (à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance du Congo, ndlr), une grâce présidentielle lui sera accordée (…) Les faits qui lui sont reprochés sont très anciens parce qu’il a été longtemps nommé à des hautes fonctions par le président Denis Sassou Nguesso ».

Paradoxal : l’article 11 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 de l'ONU dispose :

« Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis ».

Or, la grâce présidentielle est le pouvoir par lequel, au Congo et dans beaucoup d’autre pays, le chef de l'État peut annuler une peine ou ordonner que celle-ci ne soit pas mise à exécution. Autrement dit, la grâce présidentielle ne bénéficie qu'à des personnes déjà condamnées.

En l’espèce, le général Mokoko n’est qu’en détention provisoire, c’est-à-dire qu’il est détenu en attendant d'être jugé. Suivant l’article de la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 de l'ONU précité, il est donc présumé innocent « jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées ».

La grâce présidentielle ne bénéficiant qu’à des personnes déjà condamnées suite à un procès, Kolelas considère-t-il l’ancien chef d’état-major d'ores déjà coupable et condamné des « faits très anciens » qu'on lui reprocherait ? Pourquoi fait-il semblant d'ignorer que le seul grief qui vaut aujourd'hui la détention à Mokoko est d'avoir été candidat à la présidentielle et, pire, d'avoir contribué à éliminer Sassou de ce scrutin dès le premier tour ?

Très trouble et équivoque donc le comportement de cet apprenti opposant qui, par ses propos, accrédite l'idée de monsieur 8 % comme le président légitime, puisqu’il va quémander auprès de lui une grâce sans objet, alors qu'il ne l'est nullement. Espérons que si le dictateur infatigable accédait au souhait du fils Kolélas, c'est-à-dire graciait son prisonnier, le général Mokoko refuserait ce cadeau empoisonné et exigerait un procès public. Honneur d’officier oblige !