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Libreville, miroir de Brazza : la malédiction

politique
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Libreville fonctionne comme un miroir de Brazzaville. Raison pour laquelle les démocrates se doivent de soutenir les peuples en lutte contre ces régimes dictatoriaux d’un autre âge. 

Encore un jour de nausée qui nous révulse  à en vomir tripes et boyaux. On se croirait à Brazzaville. Les mêmes maux et le même folklore électoral pour une même problématique. Libreville 2016. La population qui a pris d’assaut l’Assemblée nationale tiendra-t-elle face à la répression gouvernementale ?

Après un demi-siècle de régime Bongo, la soif de changement des gabonais qui aspirent à une réelle liberté d’essence démocratique tourne au lamentable scénario fratricide. Cette gangrène qui s’apparente à une malédiction inspirée par l’absurde tentation de conservation de pouvoir demeure intacte et se répand en Afrique, tout en semant la désolation.

Dans ce pré carré français où l’ex-puissance coloniale contrôle la manne pétrolière par le biais de ses valets locaux installés au pouvoir, se défaire des crocs capitalistes en accointance avec la bourgeoisie compradore est une opération complexe. Les ficèles des ramifications de cette nébuleuse sont tirées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

L’exemple du Congo-Brazzaville n’est pas innocent dans ce qui se déroule actuellement à Libreville. La France de François Hollande peut toujours pousser des cris de convenance, exiger davantage de transparence, le clan au pouvoir au Gabon lui fera poliment un bras d’honneur ou éventuellement s’exécutera en publiant des faux chiffres. Comme à Brazza où l’Etat s’est spécialisé dans le mensonge et la violence. Les gabonais ont retenu la leçon : ils empruntent les mêmes travers.

Après Nkurunziza au Burundi,  Sassou au Congo, Déby au Tchad, demain Kabila en RDC et Biya au Cameroun, demander la publication de tous les procès-verbaux de ce scrutin biaisé apparait comme une pure gesticulation puisque Sassou a été quasiment autorisé à se réinstaller au pouvoir par Hollande envers et contre le reste de l’opinion internationale.

La puissance de l’argent, au travers de l’or noir dont il s’est arrogé le contrôle, lui permet de faire chanter les grandes puissances, et notamment la France. Un pays dont il est dit qu’il ne dispose pas de pétrole mais des idées, et dont les dirigeants croient que Sassou, serait le seul à garantir leurs intérêts.

Cette singulière approche prive la France d’une analyse prospective fine et plus prometteuse, à l’aune de la mondialisation, au profit des nouveaux capitalistes que sont les asiatiques, avec la Chine en tête du peloton. Pendant que la France se contente d’un statu quo qui s’identifie au soutien aux dictateurs en Afrique Centrale, les pays anglophones avancent sur le front de la démocratie.

 Il apparaît de plus en plus évident que la question de la « rupture » ne sera point résolue à l’issue des différents mandats des actuels dirigeants occidentaux (Hollande ou Obama). En effet, dans un contexte du terrorisme international, les exigences financières ainsi que les considérations de stabilité semblent l’emporter, hélas, sur les aspirations démocratiques des peuples en Afrique.

 L’activisme sans frontières de Sassou, dans la sous-région, vise un double objectif consistant à exporter, au travers de ses pratiques antidémocratiques, la propagation des mandats extraconstitutionnels afin de rendre banale sa propre dictature. Le régime de Brazzaville déploie de nombreuses initiatives, hélas criminelles, afin de redevenir géopolitiquement fréquentable.

Le développement du pouvoir exercé puis confisqué à travers une filiation familiale sous un vernis démocratique dénature l’idéal républicain. Les Bongo se succèdent aux Bongo, les Eyadema aux Eyadema, les Kabila aux Kabila et bientôt les Sassou aux Sassou, annihilent les chances d’émergence d’une nouvelle classe politique plus vertueuse.

Au Congo-Brazzaville, la tacite répartition du pays encouragée par le pouvoir, avec un Nord qui serait le domaine de Sassou, le Pool pour la famille Kolélas, le Niari et la Bouenza pour Tsaty-Mabiala et le Kouilou pour la famille Thystère Tchicaya est une pesanteur de plus qui nous mine.

L’actuelle séquence politique dominée par la tentation des mandats additionnels extraconstitutionnels n’est qu’une duperie officialisant la perversion du plus beau projet des africains : l’exercice du pouvoir par le peuple. Marquées par la brutalité et une sévère répression, ces périodes d’anti-constitutionnalité ne sont que des non mandats qui ne présentent aucun intérêt pour les nations africaines.

A l’autre bout de l’échiquier, bien d’autres patriotes comme Clarisse Akouala, dans leurs métaphores caricaturales, exigent la fin des humiliations et la libération des fils du pays qui endurent les affres répressives d’un pouvoir dictatorial.

Rares sont ceux qui croyaient à la modernisation des institutions prônée par Sassou. Pire, l’aspect sacré des institutions et leur respect sont malmenés au point de réduire, par exemple, l’organe devant publier les résultats électoraux à une déclaration, d’ailleurs introuvable, des principaux concurrents.

Libreville fonctionne comme un miroir de Brazzaville. Raison pour laquelle les démocrates se doivent de soutenir les peuples en lutte contre ces régimes dictatoriaux d’un autre âge. On se retient à peine pour encourager la jeunesse gabonaise dans ses actes de désobéissance civique, tant le rêve d’une éventuelle renaissance du Gabon libéré constituerait une parcelle de terrain arrachée à la tyrannie africaine.

Lire également le communiqué de Survie :   Gabon : la France appelle au calme après 50 ans de soutien au régime Bongo