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Sassou et les fêtes dans le Pool

politique
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De retour d’Addis Abeba, Sassou a accordé une interview (visionner la vidéo ici) à la presse brazzavilloise. A cette occasion, un journaliste présent l'a interrogé sur la crise du Pool et sur les moyens d’en sortir. Le verbe toujours hésitant, le dictateur s'est réfugié dans le déni.

En réponse, Sassou, visiblement embarrassé, a passé plus de temps à expliquer qu’il a  « dormi »à Kinkala par le passé, sillonné cette région " de part en part ", inauguré des routes et surtout participé à de multiples fêtes (le mot " fête " est sorti une dizaine de fois de sa bouche !), dans la liesse populaire, le tout pour essayer de démontrer… qu’il n’y a pas de crise (même pas humanitaire)  dans le Pool. La présence de l’armée dans ce département, les morts et les déplacements  de populations ? Sa réponse, le verbe comme toujours hésitant :

 « Pour moi, il n’y a pas de crise » dans le Pool. Le Pool n’est sillonné que par des « bandits » dirigés par le pasteur Ntumi qui serait sorti de sa cachette à l’occasion des élections, et « a mis le feu à Makélékélé , brûlé les commissariats et les véhicules, tué quelques personnes avant de s’enfuir dans la forêt du Pool. Si c’est ça la crise, je dois demander aux populations et aux dirigeants politiques du Pool de se mettre avec le président pour isoler Ntumi et ses partisans (…) pour qu’on les mette hors d’état de nuire », a-t-il expliqué. Et de recommander aux " dirigeants politiques du Pool " de ne « pas jouer un double jeu : ils doivent prendre clairement position ».

Les réponses de Monsieur 8% sur l'opération militaire du pouvoir dans le Pool, ne lui en déplaise, apparaissent incohérentes et  irresponsables. Tout à son désir de minimiser la gravité de la situation dans ce département, il a même oublié que selon le langage officiel adopté par ses griots, Ntumi et ses hommes sont qualifiés de " terroristes ".

Il n’y aurait donc pas de crise dans le Pool, selon lui, mais simplement une « forme de banditisme ». Dans ce cas, pourquoi alors dénoncer par la même occasion le fait que lesdits bandits « s’attaquent aux positions de l’armée » ? L’armée (et non la police) et ses hélicoptères de combat auraient donc investi ce département pour une opération relevant de la simple police ? Et pourquoi donc demander aux ressortissants du Pool « de se mettre avec le président » pour une banale affaire de « banditisme » qui ne concerneraient que quelques individus ?

Réduire par ailleurs la guerre que Sassou mène contre le département du Pool à des actes relevant du simple banditisme perpétré par de pseudo partisans de Ntumi alors même qu'il a organisé, en grandes pompes, il n y a pas si longtemps, une cérémonie en hommage à une vingtaine de congolais qui y ont trouvé la mort interpelle sur le double jeu auquel se livre le dictateur infatigable en l'occurrence.

En réalité, dans cette affaire, comme nous l’avons déjà expliqué, Sassou est d’autant plus gêné aux entournures que Ntumi demeure, comme depuis toujours, son allié objectif. Il a d’autant moins envie de le tuer ou de le capturer qu’il a besoin de lui, comme bouc émissaire, et qu'il entretient même et arme cette pseudo rebellion, dans son intention atavique de détruire un département et ses populations qu’il a toujours haïs. Le Pool le lui rend bien du reste puisque, ainsi qu’il l’a reconnu du bout des lèvres, ce département a refusé de lui apporter ses suffrages lors de la dernière présidentielle. Ceci explique-t-il cela ? Sans doute, malgré les collaborateurs et complices qui ont pour nom Claude Nsilou, Adelaïde Moughany, Tchibambelela... personnages sans foi ni loi qui emboucheront les trompettes du clan d'Oyo dans les prochains jours pour " se mettre avec le président ", et pour faire encore plus allégeance, histoire de continuer à manger les miettes tombées de la table du pouvoir mbochi...

Correspondance de Brazzaville.