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Le FMI entre effacement de dette frauduleux et Plan de sauvetage criminel au profit de Sassou-NGuesso.

politique
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« La dette du Congo n’aurait jamais dû être effacée ! » 

Par Serge Berebi

 « Twitter » ne permet de s’exprimer que sur cent quarante caractères. Le 9 mars dernier, j’adressai ce message à Madame Christine Lagarde, la Directrice Générale du Fonds Monétaire International : « Effacer la dette de @SassouCG en 2010 était frauduleux. Lui accorder un plan de sauvetage serait criminel… » Compte tenu de la puissance de tir de l’institution qu’elle dirige, et de la sienne propre, mieux vaut être sûr, un tant soit peu, de ses affirmations ; le FMI ne saurait plaisanter avec sa réputation, ni avec celle de son staff. Pourtant, individualité minuscule, depuis 2010, je ne cesse de me répandre sur les faux rapports qui ont permis, en toute connaissance de cause, l’effacement de la dette du Congo la même année ; alors que Dominique Strauss Kahn en avait été averti à Washington et que Madame Lagarde, déjà Elle à Bercy qu’elle dirigeait, hébergeait le Club de Paris qui avait à sa tête Monsieur Ramon Fernandez ; autre maillon indispensable, et très coopératif, au coup d’éponge magique, sur l’ardoise congolaise, d’un peu plus de 5 milliards de dollars. Une générosité que le Congo, naturellement très riche et très mal géré, ne méritait évidemment pas !

En France, en Europe ou dans le monde, ni avant ni après cette arnaque gigantesque du dictateur congolais et de ses complices – gangsters de la très haute finance alliés à de hauts fonctionnaires nationaux et internationaux -, jamais une voix dissonante ne s’était élevée, hostile à la classification PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) du Congo  et surtout à l’effacement de sa dette (dont 2,7 milliards d’euros envers la République Française).  Le tyran corrupteur à la tête d’un pays riche de pétrole, de minerais et de bois précieux, ne lésinait pas à l’achat des consciences et au détournement de tous regards inquisiteurs. Il en avait les moyens et en usait à sa guise. Il m’a fallu patienter jusqu’au début de l’année 2014, exactement le 6 janvier, pour qu’un de mes Conseils me rapporte l’avis tranché et sans appel de Madame Hélène Le Gal, qui était alors à la tête de la Cellule Afrique de l’Elysée : « La dette du Congo n’aurait jamais dû être effacée ! » Cette déclaration avait été faite à mon Représentant, qui lui avait lu une note à son attention qu’elle avait refusée de recevoir, ou même de lire tout simplement… (Réclamer son dû ou l’exercice de son jugement, dans certaines sphères est tenu pour indécent). Cependant, personne d’autre que cette diplomate, depuis juillet 2016 Ambassadrice de France en Israël, ne pouvait être plus au faîte de l’information africaine et françafricaine ; et surtout de tous les coups tordus d’un Denis Sassou Nguesso dont elle n’a pu venir à bout malgré sa bonne volonté et tous ses efforts.

« La dette du Congo n’aurait jamais dû être effacée ! » Un jour cette affirmation résonnera dans un tribunal français, européen ou américain ; civil ou pénal. Cette décision d’annulation de la dette accordée sans aucune contrepartie démocratique, ni de transparence ni de bonne gouvernance, a été le signal d’une véritable descente aux enfers pour les malheureuses populations congolaises. De la pauvreté, elles passèrent, comme nous pouvons le constater actuellement, à l’extrême pauvreté ; la mauvaise gestion, récompensée par le FMI, fut décuplée comme les pillages et les détournements en tous genres.  L’endettement du Congo, après l’effacement, a pour le moins doublé avec la Chine ; sans compter celui de la dette intérieure. Le FMI, aux souhaits du dispendieux corrupteur Denis Sassou Nguesso, notamment avec une caricature de Représentant Résident à Brazzaville, Yaya Moussa, n’avait pas voulu tenir compte des alertes qui lui étaient adressées. La population congolaise en supporte et en supportera longtemps les conséquences. Cette institution internationale porte une énorme responsabilité dans le naufrage économique du Congo par son soutien inconditionnel à ses dirigeants, les pires du continent africain, corrompus et corrupteurs.

La décision finale avait été arrachée par de faux rapports rédigés en 2009, notamment par Monsieur Reza Moghadam qui fut le Directeur de Cabinet de Dominique Strauss Kahn, puis nommé Représentant du FMI pour l’Europe par Christine Lagarde. Dans un blog, j’ai développé longuement les éléments de la fraude, notamment dans un très long article documenté (http://sergeberrebi.over-blog.com/article-faux-rapports-conflits-d-interets-et-ou-corruption-71267161.html). Personnellement, au titre de « Créancier du Congo » j’avais été victime d’un tour de passe-passe (a-t-il été reproduit dans le dernier rapport malgré toutes mes plaintes, notamment auprès du Bureau de l’éthique du FMI ?). Durant des années, le FMI m’avait reconnu dans mes droits, avec une décision valable et définitive pour un juste montant. Les derniers rapports, malgré mes réclamations, me classaient dans la colonne des procédures non-abouties et pour un montant dix fois moindre. En octobre 2011, je déposais une plainte contre Dominique Strauss Kahn auprès du Parquet de Paris  (http://sergeberrebi.over-blog.com/article-plainte-deposee-87445594.html ). Après un aller-retour sur le Parquet de Grasse, dont mon domicile dépend, elle fut rejetée le 14 mars 2013  par le Parquet du Tribunal de Grande Instance de Paris 3ème Division « Section S2  Délinquance astucieuse et cybercriminalité » au motif « que les faits sont couverts par l’immunité résultant du statut des fonctionnaires et employés du FMI ». Sauf que l’article 8 des statuts du FMI précise : « sauf si le Fonds renonce à cette immunité. » Chacun appréciera la classification des faits dont je m’étais plaint : Délinquance astucieuse et cybercriminalité !

« La dette du Congo n’aurait jamais dû être effacée ! » Dans une République du Congo libérée de la tyrannie du clan des Nguesso, du fait des désastreuses conséquences économiques, financières, sociales et humaines du chèque en blanc « astucieusement » accordé au dictateur congolais, tous les acteurs de cette fraude monumentale devront être entendus et justice devra être rendue. Le FMI, avec ou sans Madame Lagarde à sa tête, devra renoncer à l’immunité de tous les personnels qui sont intervenus dans l’effacement de la dette congolaise.

Le plan de sauvetage néanmoins doit-il avoir lieu ?

Déjà, en relation avec l’effacement de la dette, en 2012,  dans mon blog j’avais repris un important commentaire de Monsieur Simon Johnson, un ex-économiste en Chef du Fonds Monétaire International qu’il avait quitté en 2008 ;  un extrait d’un documentaire sur « Goldman Sachs – La banque qui dirige le monde». C’était au sujet de la crise financière et de son règlement par l’administration Obama : « En se rendant à cette réunion les banquiers étaient assez inquiets. Ils pensaient à juste titre qu’ils seraient tenus responsables de l’énorme catastrophe économique qu’ils avaient provoquée aux Etats Unis et dans le monde entier.

— Ils n’ont pas été tenus responsables ?

— J’ai été assez surpris par la façon d’agir de l’administration OBAMA. Moi, en tant qu’ancien économiste en Chef du Fonds Monétaire International, j’ai travaillé sur les crises financières, pendant 20 ans, partout dans le monde et la seule chose que vous ne faites pas c’est de maintenir tous les responsables en place..! Le FMI ne propose jamais de plan de sauvetage sans sanction ! Ce ne serait pas acceptable ! Mais c’est ce qu’ont fait les Etats-Unis ! »

Qu’a fait le FMI (hier pour l’effacement de la dette et) aujourd’hui pour la mise en place du Plan de sauvetage ? Y-a-t-il eu des sanctions contre l’administration Sassou ?

Loin de là, le FMI de Madame Christine Lagarde a traité :

 -avec le ministre Gilbert Ondongo, au centre d’une enquête de corruption au Portugal, en relation avec l’affaire José Veiga / Asperbras qui porte sur 1,5 milliards de dollars de marchés truqués,

 -avec le ministre des finances Calixte Ganongo, ex-Directeur Administratif et Financier de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) qui a orchestré des détournements de milliards de dollars et de préfinancements pétroliers pour des montants colossaux dont un de 750 millions de dollars en relation avec BNP Paribas (Suisse) dans l’affaire Asperbras,

 -avec le ministre Jean-Jacques Bouya réputé pour l’immensité de sa fortune en Chine, pays dans lequel il aurait dissimulé un magot de près de 2 milliards de dollars.

Ces personnages centraux, au cœur du dispositif du plan de sauvetage, disqualifient totalement la procédure en cours ; Merci Monsieur Simon Johnson. Dans son rapport de mission au Congo du 20 février au 8 mars 2017, les auteurs ont « regretté la non mise à disposition de certaines informations cruciales portant sur les transactions financières de l’Etat liées au pétrole. Elle a demandé à plusieurs reprises, en vain, la situation du compte du gouvernement en Chine qui reçoit une partie des recettes de la vente du pétrole en Chine et finance l’exécution de projets en République du Congo. Elle a aussi demandé, sans réponse positive, le bilan financier de la SNPC…..le récent prêt consenti par Afreximbank…. » Ces réponses n’ont pu être apportées par le ministre des finances, Calixte Ganongo, qui était absent de Brazzaville lorsque la mission y séjournait (« Bizarre, comme c’est bizarre ! »). Peut-être espère-t-il que les éternels lobbyistes du Congo, français et américains, parviendront à contourner ces dernières exigences.

Toujours est-il que le dernier rapport du Département d’Etat américain (40 pages) http://rpdh-cg.org/sites/default/files/pdf/republic_of_congo_human_rights_report_2016_english.pdf sur les abus commis à l’encontre des Droits de l’Homme au Congo, complètement à charge à l’égard de la tyrannie en place, réduira à néant la bienveillante marge de manœuvre du Fonds en faveur d’un éventuel accord pour un plan de sauvetage quel qu’il soit… ! Même en incluant le Congo dans le cadre d’un programme régional !

Les autorités congolaises ont engagées leurs forces policières et militaires dans des manœuvres militaires contre leurs propres populations. Certaines sources bien informées françaises ont récemment affirmé que le Congo avait connu près de 400.000 morts en 1997-1998, dans des guerres civiles dont le monde n’a jamais parlé. Ce pays pourrait connaître, avec ce même pouvoir, encore d’innombrables et dramatiques dérapages humains et humanitaires.

Le FMI est-il prêt à courir le risque de financer « même par négligence » de nouveaux crimes contre l’humanité ? En 2010, l’effacement de la dette du Congo par le FMI avait été frauduleux. En 2017, tout plan de sauvetage sera criminel.

 Par Serge BERREBI

©Congoliberty.