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Sassou et son grand maquisard : les derniers soubresauts d’un régime aux abois

politique
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Tribune libre

La soldatesque de Sassou rentrera donc bredouille du Pool, sans avoir capturé Frédéric Bintsamou. Deux ans d’enlisement ! C’est la durée d’une « guerre éclair » que les généraux du Sassou auront livré dans cette région grande comme la Belgique, sans atteindre l’objectif affiché.

Livrer une guerre militaire exige des moyens colossaux. Outre un arsenal militaire en parfait état de fonctionnement, un commandement clair et une cause juste, il faut une armée disciplinée et entrainée au métier de soldat du peuple. Est-ce le cas pour l’armée de Sassou où les ordres sont donnés en patois ?

Image Zenga Mambu

Bomber le torse et lancer les hostilités sans en évaluer ni la capacité ni même la probabilité de vaincre correspond à de la pure aventure. Car, il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire, fut-il Ntumi. Il suffisait à ce dernier de tenir, car le second nom de Dieu est le Temps. Bien souvent, la guerre des pauvres se termine d’elle-même, faute de moyen.

Ayant mangé son pain blanc, Sassou consent aujourd’hui un accord de paix avec celui qu’il a contraint au maquis. N’est-ce pas une victoire pour ce dernier ? Mais il est un autre objectif non avoué où le pouvoir s’est sérieusement rapproché de son but, (si l’on se souvient du plan mouébara) : le génocide du Pool.

Dans ce remake de face à face (Sassou/Ntumi), les rapports de domination et de soumission rongent les egos. Cependant, la signature de cet accord de paix, pourtant boiteux au regard du contexte général, montre tout de même, les limites des protagonistes aux ressources de plus en plus atrophiées et par conséquent affaiblis, l’un comme l’autre.

Mais il est un bénéfice indéniable que renferme cet accord. Il s’agit du soulagement des innocentes populations qui errent injustement dans les forêts congolaises. Grand bien serait fait aux congolais si cet épisode pourrait sonner définitivement le glas de cette tyrannie.

Mais, les dictateurs ont une endurance hors du commun et la rancune tenace. Sassou voudra nécessairement avoir le dernier mot sur ce pasteur insoumis.

Les extrémistes du régime ne nous préparent-ils pas un rebondissement ? Le PCT n’a-t-il pas dans ses tiroirs un scénario d’un Comité Militaire du Parti ? Le révérend pasteur Ntumi ne pourrait-il pas finir comme Savimbi en Angola ? Les prisonniers politiques qui croulent dans les geôles du pouvoir en sortiront-ils indemnes ?

Et patatras ! L’horizon s’assombrit soudain en raison d’une économie exsangue et d’une météo politique incertaine annonçant des bourrasques. Alors, Sassou prend ses précautions. Quand il se déplace, là où ses collègues voyagent avec des chefs d’entreprises et autres acteurs économiques, Sassou embarquent dans son avion ses féticheurs !

Sentant le vent tourner, des virtuoses de la finance mondiale héritières de la françafrique courent à sa rescousse afin de sauver le dictateur en perdition. Ceux-ci ont beau calculer et recalculer, le déficit demeure criard alors que gronde le tonnerre. Tous redoutent la révolution.

Mais, les congolais ont-ils seulement bien compris que le verrou essentiel de leur libération consiste à se débarrasser de Sassou et son clan, en premier lieu, et non à épiloguer sur tel ou tel autre de l’opposition ? Ni à réinjecter des milliards de CFA dans les canaux de la dictature ?

Pendant que le FMI se tâte la tête, l’atypique président américain a pris une ordonnance d’une portée insoupçonnée. En effet, peu avant Noël, le 21 décembre 2017, la Maison Blanche a promulgué une Executive Order Blocking the Property of Persons Involved in Serious Human Rights Abuse or Corruption” (Ordonnance Bloquant les Propriétés des Personnes Impliquées dans de Graves Violations des Droits de l’Homme ou de Corruption).

S’il elle est véritablement appliquée, cela constituerait une avancée de taille dans la lutte contre la corruption dans les pays africains et en particulier dans le bassin du Congo. Cette ordonnance est un encouragement inespéré aux patriotes congolais et plus largement aux africains épris de paix, de justice et de liberté. On en applaudirait presque Donald Trump.

Si la France de Macron s’arrimait à une telle initiative, l’acte de décès de la Françafrique serait irrémédiablement signé. Et l’Afrique et la France se placeraient dans une relation gagnant-gagnant que les peuples appellent de tous leurs vœux. Mais le delta entre la rhétorique et les actes des présidents français successifs est si énorme que l’on ne peut l’espérer.

En effet, cette disposition vise à contraindre les chancelleries et banques étrangères à geler les avoirs financiers et biens de treize « personnes impliquées dans de graves violations des droits de l’homme ou des faits de corruption ». Ainsi, tous leurs fonds et propriétés en Suisse et aux Etats-Unis sont bloqués. Ils ne peuvent plus recevoir d’appui de quelque sorte et, quiconque le leur apporte tombe sous le coup de cette ordonnance.

Vis-à-vis de la communauté internationale qui tarde à réagir vigoureusement, le pouvoir de Brazzaville n’est-il pas qu’un groupe de pilleurs qui a réussi à installer sa mafia au sein de la république en s'emparant de l'appareil étatique de ce petit pays pétrolier ?

La cohérence du président américain en la matière est frappante. On se souvient de l’humiliation que Donald Trump avait infligée à Sassou, d’entrée de jeu, lors du voyage blanc de ce dernier aux Etats-Unis pourtant annoncer en grande pompe par Brazzaville. Ce président américain n’est-il pas intéressant ? Du point de vue congolais, si.

Il convient de rappeler que depuis le retour au pouvoir par les armes en 1997 de Sassou, cet avorton d’émirat, a sérieusement muté pour devenir un vaste territoire carcéral où les autochtones peinent à se défaire des conditions bagnardes imposées par le régime. Certains congolais dans le Pool, n’ont-ils pas perdu leur statut de citoyen ?

Tous les droits ont été ligotés et transformés en devoirs. Au Sassouland, le cauchemar tient lieu de rêve. Mais il est un rêve que beaucoup de congolais partagent en commun : le départ de papi S. Mais, comme tout dictateur, Sassou demeure sourd. Cependant, la perte des facultés auditives frappe également les ventres affamés. Alors, pourquoi n’organise-t-il pas prestement sa sortie avant les bourrasques ? Gloire et victoire, au peuple, disent les révolutionnaires.

Abraham Avellan WASSIAMA

Notre commentaire

Le problème de Sassou est-il de gagner la guerre du Pool ? On peut en douter. De fait, Sassou a besoin de Ntumi et du Pool : il sait que quand son pouvoir est en difficulté, il a toujours besoin d'un bouc émissaire, et ce bouc émissaire est le Pool. Pour conforter son pouvoir, il a besoin de temps en temps d'une situation de guerre, d'aller tuer dans le Pool, pour faire diversion..

Le dernier exemple, c'est quand il a prétexté une attaque des Ninjas dans les quartiers sud de Brazzaville, dans l'unique but de proclamer de faux résultats à la présidentielle le même jour, déclenchant dans la foulée la guerre du Pool. Demain s'il y a, par hypothèse, des émeutes de la faim il n'hésitera pas à faire croire que Ntumi a rompu le cessez le feu, histoire de déclencher à nouveau une guerre, pour faire diversion.

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