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Sassou achève d’enfoncer l’éducation

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Les résultats de l’école publique n’ont jamais été aussi médiocres. « Ebonga, ébonga té, meilleur toujours  ». Ces mauvais résultats qui devraient sonner le tocsin, n’émeuvent  et n’interpellent personne, conformément au slogan « pécétiste ».  15 % de taux de succès au baccalauréat et 48 % de taux de réussite au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) pour l’année scolaire 2012-2013, 30 % au bac 2014 et 10 ,08 % au bac 2015. Le Congo-Brazzaville a atteint le fond. Il ne reste plus qu’à trouver du pétrole.

Le répit a été de courte durée. Le satisfecit de Denis Sassou Nguesso le 12 août 2015 à l’occasion de son allocution devant les deux Chambres du Parlement s’est vite fracassé contre le mur de la réalité. Le taux de 10,08 % de succès au baccalauréat 2015 a explosé comme un boomerang à la figure de Sassou Nguesso, du PCT et des épigones du « chemin d’avenir ».

Sur le système éducatif, les populations du Congo-Brazzaville attendaient que Sassou Nguesso batte sa coulpe et fasse son mea culpa.

Il n’en fût rien. Ce n’est pas le genre de la maison. Elles ont tout de suite compris que Sassou était venu faire la promotion et chanter les louanges de la « Nouvelle Espérance  » et du « Chemin D’avenir  ». Le tempo était faux. Le spectacle ne supporte pas le contretemps.


10,08 %

Les résultats de l’école publique n’ont jamais été aussi médiocres. « Ebonga, ébonga té, meilleur toujours  ». Ces mauvais résultats qui devraient sonner le tocsin, n’émeuvent  et n’interpellent personne, conformément au slogan « pécétiste ».  15 % de taux de succès au baccalauréat et 48 % de taux de réussite au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) pour l’année scolaire 2012-2013, 30 % au bac 2014 et 10 ,08 % au bac 2015. Le Congo-Brazzaville a atteint le fond. Il ne reste plus qu’à trouver du pétrole.


Méthode syllabique v/s méthode globale

Jamais le pays n’avait obtenu de si mauvais résultats.   Où sont donc passés les cerveaux du Congo-Brazzaville qui , autrefois, entraient en ébullition effrayés à l’idée de la baisse du niveau ? « Elite intellectuelle mé kouénda wapi ô Africa mama  » chantaient Les Cols Bleus de Rigadin Mavoungou et Rifi Kitouka. Les fins limiers de la pédagogie du système éducatif du Congo-Brazzaville, Otoungabéa, Kinfounsia, Pondo, Moulounda Raoul, Emile Oboa, Kina, Vouvou,  Antoine Ngatsé, Mbizi, Ndala, Alphonse Diafouana, Timothée Loubaki, Kibodi, Ernest Abandzounou, Matondo Jean Baptiste Paunell, Angèle Loubaki, Mélanie Kollela, Gérard Biyoundoudi, Rigobert  Itoua, Kiyindou Auguste,
Mouatinga, Madiénguela Théophile, Abbé Ngatsongo, Tchinianga Bernard, Gaston Bikouta Guy Menga, Matongo…, adeptes de la méthode syllabique,  ont été écartés du milieu au profit des idéologues de l’INRAP, partisans de la méthode globale. Ce qui a donné : «  Oko montre la mer à Tati, Oko tape Babéla  ».

Les écoles privées, affichant des taux de réussite de 90 % aux divers examens pour leur campagne de communication et de commercialisation,  ont poussé comme des champignons sans un contrôle pédagogique strict.

Les enseignants ne sont ni suivis ni encadrés ni notés ni évalués par les inspecteurs. Les élèves ne sont ni studieux ni motivés. Les formateurs mal payés ont rendu les armes. Les parents ont démissionné.

D’ailleurs, que fallait-il attendre des  élèves qui ont débuté la scolarité assis à même le sol, poursuivi les études au collège munis de tabourets et sont arrivés au lycée avec l’idée qu’il suffisait de payer pour décrocher le baccalauréat ? Quant à l’Université, la promotion canapé a pris les dessus sur le mérite. C’est toute la chaîne du système éducatif qui est grippée. Le système éducatif du Congo-Brazzaville accuse un déficit de 1400 enseignants au détriment des établissements scolaires de   l’intérieur du pays. Une situation qui laisse de marbre l’administration Sassou, spécialisée dans l’organisation des colloques à coups de milliards de francs CFA. Curieusement, Denis Sassou Nguesso, en 32 ans de règne, n’a jamais convoqué les spécialistes et les techniciens de l’enseignement en vue de réfléchir sur la question pédagogique et n’a jamais financé l’organisation d’un colloque sur le système éducatif. Faut-il vraiment s’en étonner ?


Made in France

Les salles de classe surchargées sont dépourvues d’infrastructures scolaires : table-bancs, bureaux, tableau noir  n’ayant plus reçu de coup de pinceau de l’ardoisine ( le seul adhésif qui permet l’écriture à la craie) depuis plusieurs années. Pour résoudre le phénomène ahurissant du manque de mobilier scolaire, Hellot Matson Mampouya, ancien ministre de l’enseignement, a passé commande en France de table-bancs.

 

Désormais, le Congo-Brazzaville, pays producteur et exportateur de bois et disposant d’artisans menuisiers, va importer de table-bancs de France. Un véritable divorce se dessine entre les enseignants, les parents d’élèves  et le gouvernement de Sassou Nguesso qui préfère l’idéologie,  l’effet d’annonce, les slogans creux aux réformes utiles. 

L’éducation devrait être une préoccupation  pour tous les  congolais. L’école, c’est, « la base de tout » , « là où tout se  joue » .

C’est l’égalité des chances, le ciment de la citoyenneté et du vivre-ensemble, l’un des endroits où se prépare le Congo-Brazzaville de demain.

Depuis le coup d’Etat du 5 juin 1997 et le retour aux affaires de Denis Sassou Nguesso qui ressemble à une descente aux enfers du système éducatif, les épigones du « chemin d’avenir » tentent de persuader les populations du Congo-Brazzaville que le ciel se dégage pour l’école et que le pays est sur le chemin de l’émergence. Les années scolaires et universitaires passent et se ressemblent. Toutes marquées par un phénomène majeur : la lente disparition du système éducatif du Congo-Brazzaville. Lorsqu’on veut détruire un pays, on commence par l’école. Sassou Nguesso ne s’y prend pas autrement. 10,08 % de réussite au baccalauréat 2015. Le chiffre est éloquent.


Benjamin BILOMBOT BITADYS