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Congo-Brazzaville : "Ne ramassez pas les corps !

politique
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Selon Maurice Massengo-Tiassé, les hommes clef de l'appareil répressif du président sont le chef de la police Jean-François Ndenguet, l'ancien «Cobra» aujourd'hui député Aimé Hydevert Mouagni  et Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement.

Paris Match (15/9)

Mardi 13 septembre 2016, à 18 heures, des rafales résonnent dans le quartier Bifouiti dans le sud de Brazzaville. Des policiers en civil déboulent dans une ruelle où s'affairent des vendeurs de chanvre. «Ils roulaient à bord d’un 4x4 Toyota blanc, raconte un témoin, ils ont tiré d’abord en bas puis plus haut.» Deux corps tombent. Gédéon N’Boubi, 39 ans, est touché à l’épaule et Jean-Paul Tsiakaka, 46 ans, prend une balle dans le ventre. «J'ai tiré, j'ai tué deux personnes en bas, mais ne ramassez pas les corps !», ordonne le tireur. Mais les jeunes n' ont pas obéi. Transportés d’urgence au CHU, les deux blessés ne sont pas soignés avant la nuit. «Mon fils est arrivé à 18 h 45 à l’hôpital et n’a reçu aucun soin jusqu’à minuit passé», déplore le père d'une des victimes joint au téléphone lors de la veillée mortuaire. Gédéon N’Boubi vivait dans l'arrondissement de Makélékélé. Jeudi 15 septembre avait lieu la veillée mortuaire de l'autre victime, Jean-Paul Tsiakaka. «Le commissaire est venu pour intimider la famille, il leur a dit de ne pas pleurer et a menacé de tuer des jeunes s'il en trouvait à la veillée», raconte un témoin.

Les noms de Gédéon N'Boubi et Jean-Paul Tsiakaka viennent grossir la triste liste des victimes des exactions du régime. Depuis le référendum d'octobre 2015 qui a permis à Denis Sassou Nguesso de s’octroyer à l'âge 72 ans – dont trente-deux au pouvoir – un mandat de plus et la proclamation des résultats de la présidentielle en mars 2016 – non reconnus par la communauté internationale –, chaque étape de ce «processus démocratique» fait de nouvelles victimes. Les protestations de la communauté internationale à l'issue de l'élection soumise à un black-out total des communications et l'emprisonnement d'opposants n'ont rien changé. «Les quartiers où sévissent les milices et l'identité des victimes nous montrent que c'est toujours l'ethnie Lari qui est attaquée, explique Andrea Ngombet du collectif #Sassoufit. C'est de l'épuration ethnique!»

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©Paris Match.