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Paul Marie Mpouélé : " Le référendum ressemble à quelqu’un qui veut violer sa fille et qui appelle toutes les familles à venir l’assister "

politique
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Un entretien accordé par Paul Marie Mpouélé à " L'Observateur ", journal congolais.

Après le meeting monstre qui a regroupé des milliers des personnes à Pointe-Noire, le 3 mai dernier, Paul Marie MPOUELE, Coordonnateur du Front Républicain pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel et l’Alternance Démocratique, FROCAD, revient sur les tracasseries qui ont eu lieu avant la tenue de ce grand rassemblement. Mais aussi sur le message profond de ce rassemblement. Un appel à la mobilisation et à la résistance.

L’Obs. : Comment s’est passé votre meeting tant redouté par vos adversaires politiques, on nous dit que les entraves ont été multipliées ?

PM MPOUELE : Les entraves, oui, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Des tracts ont été diffusés dans la ville pour dire que nous appelions les jeunes à piller et à chasser les étrangers, des concerts gratuits ont été organisés pour détourner l’attention des jeunes, des repas ont été donnés par des députés dans les quartiers gratuitement pour que les ponténégrins ne viennent pas à ce meeting et par-dessus tout, une sorte de ville morte a été tacitement imposée aux transporteurs ; malgré tout cela les Congolais sont venus par milliers pour nous écouter. Je tire mon chapeau à tous les ponténégrins et à toutes les ponténégrines qui ont effectué le déplacement au meeting. Grand merci à eux ainsi qu’à ceux des autres villes, Dolisie, Mossendjo, Nkayi, Mouyondzi.

L’Obs. : Quel est le message fort que vous avez véhiculé à ce meeting ?

PM MP : Nous avons commencé par dire aux populations de Pointe-Noire pourquoi nous disons NON à l’abrogation de la Constitution actuelle, NON à un 3ème mandat du président Sassou Nguesso et NON au référendum anti constitutionnel que veut convoquer l’actuel président de la République. Après toutes ces explications, nous avons demandé à tous les Congolais épris de paix et respectueux de la loi de se mobiliser et de résister à toute tentative de violer la Constitution. La loi nous autorise à ne pas exécuter un ordre illégal et en l’espèce, le tripatouillage de la Constitution est un coup d’Etat que personne ne peut à nouveau accepter.

L’Obs. : Mais le référendum est un arbitrage du peuple, pourquoi le refusez-vous ?

PM MP : Non ! Dans le contexte actuel, le référendum ressemble à quelqu’un qui veut violer sa fille et qui appelle toutes les familles (paternelle et maternelle) à venir l’assister, c’est-à-dire, à venir se rendre complice de son crime. La loi suprême ne donne pas le droit au président de la République actuel d’abroger la Constitution du 20 janvier 2002 même pas par référendum. C’est une forfaiture, un parjure. Nous n’avons rien contre le président Sassou mais que ses partisans comprennent qu’on ne peut pas bouleverser les équilibres de tout un pays pour satisfaire le caprice d’un seul homme qui ne se voit pas ailleurs qu’au pouvoir. Le PCT avait présenté la Constitution actuelle comme la meilleure du monde ; elle garantissait la paix et la stabilité, pourquoi donc la changer aujourd’hui ? Le PCT ne veut donc plus de la paix ! Mieux, avec quel corps électoral le président entend il convoquer le référendum, celui contesté depuis 2002 ou un autre ? Et le temps presse, nous n’attendrons pas que le président priorise ses jeux africains au détriment des attentes des Congolais. Nous voulons d’une élection juste, transparente et équitable en 2016. Nous voulons d’une commission électorale indépendante, d’un recensement pour maîtriser le corps électoral. En combien de temps mettrons-nous tout cela si l’on doit se plier à un calendrier totalement irréaliste qu’il nous propose ? Non, il faut arrêter de distraire les Congolais ! C’est pourquoi nous appelons à cette grande mobilisation pour sauver le pays, la démocratie et l’avenir. Le président Sassou a fini et pour tourner la page de ses 32 ans de pouvoir, nous voulons des élections libres et transparentes qui n’entrainent plus le pays dans des querelles inutiles. C’est fini la prise en otage de tout un peuple par un groupe d’amis qui tient à tout prix à rester au pouvoir.

L’Obs. : A vous de conclure…

PM MP : Je réitère mon appel à la mobilisation et à la résistance au coup d’Etat constitutionnel qui se profile. Les jeunes doivent savoir que l’avenir leur appartient et qu’il est bon que la culture du respect des lois sans ancrer en nous pour prétendre à un développement réel dans notre pays. L’impunité, le détournement des fonds publics, l’arrivisme, le culte de l’argent facile, etc. sont des antivaleurs qu’il faut combattre maintenant.

© L'Observateur.

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