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Un pseudo référendum maculé de sang

politique
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Quelle valeur accorder à une éventuelle nouvelle Constitution initiée dans un contexte de non consensus, corollaire de non-respect de celle qui est encore en vigueur ? A minima, le retrait de ce honteux texte de la discorde s’impose tant le climat est très tendu entrainant des morts.

Une sottise, écrite à la hâte sur fond de parjure et introuvable dans un premier temps, puis, soumise, sans délai raisonnable, à l’approbation des populations en ayant l’épée entre les reins, n’est qu’une insulte au vaillant peuple congolais en lutte pour sa liberté.

Arrivé par le sang, le pouvoir finissant de Brazzaville, après 32 ans de règne, tente de perdurer en opérant un passage en force, coûte que coûte, avec un objectif premier consistant à brandir, à la barbe du monde entier, un résultat, somme toute biaisé, d’un avatar de référendum octroyant le droit de tuer et sacralisant l’impunité des nantis (cf. Articles 10 et 96).

Cette entreprise de tous les dangers se voit étonnamment pousser à la roue par le président français qui parie désormais, comme ses prédécesseurs, sur une dictature déjà vomie en 1992 et réinstallée par les armes en 1997. Il y a de ces revirements et reniements qui révulsent les tripes donnant la nausée et l’envie de vomir même les intestins. Il n’y donc rien à attendre du côté de l’Elysée. Le peuple congolais à travers sa jeunesse en lutte doit continuer à compter sur ses propres forces.

Nul doute que les causes de cette déroutante volte-face, en opposition désormais avec la position de Washington, sont à rechercher dans le sous-sol congolais. En effet, la stratégie de Sassou, dans son clientélisme de base au logiciel politique vide, repose sur quatre axes : le canon, la corruption, le pétrole et la communication.

Le canon ; pour choquer les esprits et affirmer la suprématie de la force et le monopole de la brutalité par le biais d’une armée inféodée et tribalisée ayant bénéficié récemment d’un contingent burundais, sans doute, pour service rendu.

La corruption ; arme fatale qui conditionne les ventres affamés et qui les plonge dans état de dépendance quasi-totale frisant la soumission. A la suite de quoi, l’on peut asseoir des discours mensongers sur l’émergence du pays, d’ici à une décennie, temps estimé pour bien siphonner et tarir le trésor public. Miné par la corruption, l’Etat congolais est devenu inopérant.

Le pétrole, or noir, objet de la plupart des malheurs des autochtones, vient de faire irruption dans les remous générés par la pseudo-réforme constitutionnelle voulue par Sassou pour faire basculer François Hollande. En effet, Sassou a toujours assuré aux consortiums, nonobstant la disparition du président de Total, De Marjorie, l’obtention des juteux contrats en échange de leurs soutiens. Mais en 2015, seuls Sassou et son clan sont priés, par le peuple, de tirer le rideau et d’éteindre les lumières. Pourquoi le président français tremble-t-il ?

Il y a aussi la communication qui est une arme bien connue par les chefs de guerre de la crampe de Sassou. Les différents canaux de la presse écrite et radiodiffusée voire télévisée locale ou internationale ont été inféodés depuis de longues dates. Seuls les réseaux sociaux échappent passablement au contrôle du pouvoir. Etouffer tous les réseaux de communication pouvant aider l’opposition à délivrer un message contradictoire plutôt édifiant demeure une obsession de la dictature.

A l’heure actuelle, le pouvoir restreint les moyens de communication. Et, il tend à user de ses méthodes de triste mémoire consistant à boucler un secteur (pouvant être un quartier entier ou une région entière) lui coupant de tous les réseaux de communication pour « raison d’entretien ou de maintenance » et y commettre des exactions les plus odieuses. Dans ce pays où la notion d’entretien des équipements publics n’a aucune réalité, les habitants savent que les « opérations d’entretien ou de nettoyage » ont une connotation proche des exactions sans témoins.

Pendant ce temps, chaussé de ses grandes bottes, le pouvoir de Brazzaville qui totalise 32 ans au compteur, marche froidement sur les cadavres de nos concitoyens opposés à la démultiplication des mandats extraconstitutionnels de Sassou. « Sassouffit » hurlent-ils !

Il est inadmissible que les têtes des jeunes de 14, 15, 16, 17 ans … tombent dans la sciure du fait des seuls caprices d’un homme qui croit disposer d’un titre foncier du pays tout entier. Non, le pays n’appartient pas aux Nguesso, lui rétorque la jeunesse congolaise qui exige la fin des humiliations et l’instauration des nouvelles mœurs politiques démocratiques et par conséquent l’éviction de la dictature.

Si toutes les morts n’ont pas la même signification, celle d’une jeunesse lassée de la corruption, du népotisme et de la gabegie, arrachée atrocement à la vie par ceux-là même qui étaient censés lui procurer un avenir radieux, est un véritable drame national. Le moment venu, la République devra rendre hommage à tous ses martyrs de la liberté tombés sous cette dictature.

Quelle famille congolaise n’a-t-elle pas été confrontée, à un moment ou un autre, de près ou de loin, à un deuil généré par nos pseudos dirigeants ? Le pouvoir de Brazzaville tient avec lui, la palme du bourreau du peuple. Nombreux sont ceux qui le maudissent, en silence, y compris dans leurs prières les plus profondes.

Jamais, les populations africaines n’ont été exigeantes et fermes face à leurs dirigeants. C’est pourquoi, elles n’obtiennent rien. Elles n’ont de cesse que de ne demander que la paix qui est un droit. Lequel droit est régulièrement bafoué en cause par les mêmes hommes devant mettre de l’ordre !

Cette jeunesse plus alerte que ses devanciers, transcende les clivages politiques et se place au niveau des enjeux nationaux. Partout dans le pays, l’exaspération est à son comble.

Abraham Avellan WASSIAMA


 

Tribune libre

Le Congo en voie de libération : les dernières tentatives d’un dictateur

Les évènements, qui se sont succédé ces derniers jours, ont fait si peur à Sassou et ses sbires, que ces derniers ont dû avoir recours aux mercenaires et à des milices tribales, pour s’attaquer à des populations civiles, sans arme, éprises de justice et de paix.

En effet, les jours qui ont précédé l’ultimatum donné à Sassou, pour annoncer le retrait de son référendum illégal, les leaders d’opposition et la majorité des Congolais, ont montré partout, sur le territoire national, à travers des manifestations pacifiques, leur ras-le-bol face à un pouvoir dictatorial.

Dès le matin du 20 octobre 2015, date fixée pour la destitution de Sassou par le peuple, pour n’avoir pas annulé son projet référendaire, comme partout au Congo, les habitants de Brazzaville, qui se dirigeaient vers le boulevard Alfred Raoul, pour assister à une manifestation pacifique de l’opposition, ont été dispersés et surtout pourchassés, notamment ceux venant des quartiers sud de Brazzaville.

Pour se défendre, ces populations qui avaient écouté les consignes des leaders d’opposition, qui ont toujours prôné la non-violence dans leurs actions, ont donc érigé des barricades en brûlant des pneus. Ce qui n’a pas empêché la soldatesque de Sassou de s’en prendre particulièrement aux populations du sud de Brazzaville, occasionnant des morts et des blessés.

Ces actes de barbarie qui sont justifiés à la télévision nationale, comme étant une réponse des militaires au vandalisme des jeunes désœuvrés, ne peuvent en aucun cas s’expliquer, d’autant qu’on dénombre parmi les morts des enfants, mais au contraire, font partie de la stratégie de Sassou de créer une psychose, en tentant de jouer la carte tribale, en affectant les esprits fragiles, pour donner l’impression qu’il épargne les habitants des quartiers Nord, qui lui seraient favorables.

Or, les quartiers Nord, à l’instar de Moungali et Ouenzé, sont autant peuplés par les ressortissants du Sud que ceux du Nord. Ayant échoué dans cette tentative de diviser pour mieux régner, Sassou, par sa soldatesque, s’en est aussi pris à ces populations des quartiers Nord de Brazzaville, occasionnant des morts et des blessés, notamment à Talangaï.

Toutes ces populations de Brazzaville ont été agressées, alors qu’elles observaient juste la désobéissance civile, elles n’ont pas cherché à affronter les militaires, composés en réalité des mercenaires, venus notamment du Burundi, car ne sachant pas parler français et des miliciens venus d’Oyo, la ville natale de Sassou, pour défendre leur pouvoir menacé par de simples citoyens animés par la soif de la démocratie et du respect de l’ordre constitutionnel.

Par ailleurs, dans la plupart des départements du Sud et du centre du pays, l’autorité de l’État n’est plus exercée, d’autant que les populations ont envahi les édifices publics, faisant fuir les représentants de l’État. Force est de constater qu’en dehors de Brazzaville et quelques départements du Nord, où les tensions subsistent avec un contrôle partiel des autorités publiques, Sassou n’a plus d’autorité que chez ses partisans, des militaires ayant oublié leur rôle de protéger le peuple, et surtout chez des mercenaires venus à son secours.

N’étant pas en position de force, malgré le fait d’avoir encerclé les domiciles des deux leaders de l’opposition, qui lui font le plus peur, le camp de Sassou ne peut pas peser dans les négociations qui ont cours ces derniers temps, par l’entremise de la communauté internationale. Aussi, les leaders d’opposition, ne devraient-ils pas céder au chantage dont Sassou s’est érigé en maître. Il faut honorer les nombreux morts que la brutalité de Sassou a causé, il en est responsable. D’autres morts peuvent encore subvenir si nécessaire, pourvu que Sassou dégage le plancher.

Au cas où Sassou s’entêterait, le peuple est débout, toujours prêt au sacrifice suprême, il vaincra, car il est le souverain primaire, déterminé à libérer le Congo, qui est en voie de libération, avec pour rappel, plus de la moitié du territoire sous son contrôle.

Malgré cette médiation en cours, le peuple congolais doit rester vigilant et toujours sur le qui vive, car Sassou peut surprendre à tout moment, il userait à loisir d’autres tentatives pour briser l’unité nationale, qui l’a anéanti aujourd’hui, afin de se hisser en sauveur des populations du Nord, tel a été souvent son fer de lance.

Pour maintenir la pression sur Sassou, tout doit être mis en œuvre de façon structurée entre la Diaspora congolaise et les leaders d’opposition, pour contrer les plans machiavéliques de Sassou.

Par exemple, pour parer aux difficultés de communication instaurées par Sassou, il faut mettre des comités d’actions des patriotes, comme au temps de la résistance contre le nazisme, pour pouvoir faire passer l’information, afin de mener des actions concrètes, quitte à faire acheminer des valises satellitaires en pièces détachées, en passant par des diplomates étrangers… d’autres moyens existent qu’on ne peut pas divulguer dans cette tribune, il faut se concerter en comités restreints. Si on échoue contre Sassou, beaucoup périront par des moyens malicieux, dont seul Sassou connaît le secret. La libération du Congo, c’est maintenant ou jamais. On doit donc faire l’impossible pour que ce référendum funeste n’ait pas lieu.

Enfin, tous les leaders d’oppositions doivent pouvoir agir activement et efficacement, afin qu’ils se substituent dans leurs rôles, pour que l’isolement des uns, comme c’est le cas pour Kolélas et Okombi, ne soient nullement un handicap pour le combat contre la dictature de Sassou et pour la libération du Congo.

Par Richard BALHOSSA.

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