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Police congolaise : une institution criminelle faite des anti valeurs et difficile à réformer.

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Au cours des décennies la police congolaise est devenue un dépotoir de tous les malfrats ayant échoué dans beaucoup de domaines et qui ont pu trouver un emploi dans cette institution républicaine.

 

Au cours des décennies la police congolaise est devenue un dépotoir de tous les malfrats ayant échoué dans beaucoup de domaines et qui ont pu trouver un emploi dans cette institution républicaine. Au cours des décennies la police congolaise est devenue un dépotoir de tous les malfrats ayant échoué dans beaucoup de domaines et qui ont pu trouver un emploi dans cette institution républicaine. Le drame de Chacona, a mis en relief à quel point la police était complètement à coté de sa mission régalienne celle de  sécuriser les personnes et les biens. Des policiers opèrent des arrestations arbitraires et les detenus perdent la vie dans les locaux de la police. Tout cela courronné par un mensonge d’État d’une supposée rixe entre les détenus.
Les anti-valeurs reprochées aux policiers ne sont pas le fait de quelques pommes pourries, c’est une culture institutionnalisée au sein de toute la force publique.  


Après le show filmé du nouveau patron de la police, beaucoup de congolais apparemment animés par un optimisme béat,  ont cru à un changement d’approche dans la façon de gérer cette institution désormais minée par toutes sortes d ‘anti-valeurs : vol, viol, trafic d’influence, racket, violences à l’égard des civils, arrestations et détentions arbitraires, bavures policières souvent encouragées par le régime pour le maintien du pouvoir etc.Le show d’Obami, était peut-être sensationnel mais il n y a rien de nouveau sous le soleil car Jean François Ndenguet aussi organisait ce type de show et pouvait être plus radical en proposant l’éradication des rangs de la police de ceux qui avaient commis des fautes. Voir une vidéo de Ndenguet à Pointe-Noire.  Show de Ndenguet. 


Il faut noter que malgré sa timide tentative de décrire les maux qui minent la police, celle-ci était toujours suivie d’un « grand mais » pour tout relativiser. Le nouveau patron de la police semble opter pour le laxisme et l’impunité et donc le statut quo. Pas de punition pour le policier qui a roué des coups à un citoyen en lui arrachant les dents, ou à celui qui a tabassé une dame pour « avoir tout simplement dit s’il vous plaît » à un commissaire. Juste un peu de sketch avec celui qui abuse dans le recrutement des axillaires de police, en demandant aux commissaires de dire à ces axillaires de se mettre momentanément de coté le temps de bénéficier d’un recrutement régulier . 

Général André Fils IBAMI ITOU


En déclarant qu’il était co-responsable avec le général Ndenguet de la nomination de près 80 % des commissaires voyous et que pour cette raison, il n’allait pas les punir le nouveau patron de la police a raté une opportunité en or pour établir son autorité et promouvoir une nouvelle ère dans la gestion de cette institution de criminels. En effet, remettre les « compteurs à zéro » selon l’expression du nouveau patron, n’est pas un outil dans la gestion d’une institution en crise comme la police congolaise. Surtout que les problèmes qui minent la police sont monumentaux. Depuis le temps où on faisait venir des candidats au recrutement de nos campagnes, politique connue sous le label de « Yaka noki noki » jusqu’à ce moment où on a offert aux petits voyous ayant pris part dans les différentes guerres des années 90s, la police a enrollé en masse des analphabètes n’ayant suivi aucune formation. Certains étant incapables d’écrire leur propre nom et à plus plus forte raison, rédiger un rapport.  Un fait reconnu par le nouveau patron de la police. 


Selon les propos de M. Obami, il préfère travailler avec 10 officiers que de s’encombrer avec une centaine dans laquelle les 90 ne seraient là que pour foutre la pagaille.
Au problème d’analphabétisme s’ajoute un mal immédiatement détectable : le racket. La majorité des policiers le pratiquent au vu et au su de tout le monde et ils jouissent de l’impunité de leur hiérarchie. Dans chaque grande ville du pays, il existe un policier ou groupe de policiers jouissant de la protection totale de la hiérarchie car la police c’est aussi le corps utilisé par les tenants du pouvoir pour mater toute revendication sociale ou politique.Pointe-Noire a connu le célèbre Zoulou bad ayant la gâchette facile dont les crimes n’ont jamais connu un début d’enquête parce qu’il jouissait de la protection de sa hiérarchie. La ville a soufflé lorsque la maladie a mis hors d’état de nuire ce grand criminel en tenue et gracieusement payé par le Trésor public.  A Brazzaville l’affaire, du braquage à mains armées chez Mère Alice dans lequel étaient impliqués des membres de la force publique, montre bien que cette force publique regorge de plusieurs criminels.Dans une vidéo qui était devenue virale sur les réseaux sociaux, on a vu des policiers impliqués dans la barbarie de casser les os des citoyens menottés en utilisant le marteau et en plaçant le pied sur un gros caillou, ce qui fait froid au dos. Les personnes menottées ne représentaient aucun danger pour les policiers car déjà maîtrisées.  Les exemples de traitements inhumains et dégradants sur les paisibles citoyens, commis par les membres de la force publique,  sont nombreux. 


En outre les exécutions extra-judiciaires sont devenues monnaie courante. Les ONG de défense pour les droits de l’Homme font des rapports assez étayés de ces cas où les policiers abattent froidement des citoyens sans aucune forme de procès.  Tout citoyen aimerait penser que les  agents impliqués dans les crimes représentent une infime minorité mais force est de constater que du geste désormais banalisé de racket aux crimes les plus crapuleux beaucoup trop de policiers sont impliqués. C’est une culture criminelle connue et acceptée au plus haut niveau.  


Le rapport annuel du Département d’État américain sur les droits de l’Homme dans le monde réserve une grande place aux arrestations et détentions arbitraires. Les textes de loi et la Constitution sont souvent bafoués notamment en ce qui concerne la durée maximale de détention avant d’être présenté auprès d’un juge. Selon les faits sur le terrain, la police ne respecte pas la loi qu’elle est censée faire respecter. Chaque année les faits sont relatés et rien ne change.    A tous ceux qui pensent que le changement du directeur de la police, apportera une nouvelle ère dans les comportements des policiers on peut dire un peu de patience et surtout de juger selon les résultats.Il ne faut surtout pas oublier que l’actuel patron de la police est resté pendant sept ans  co-responsable avec Ndenguet de la police car il était le directeur adjoint. Comme il a su le dire dans son show ils se voyaient chaque matin et décidaient des directives à faire passer aux commissaires de police. 

 
En outre, il faut rappeler que les orientations stratégiques dans le domaine de la police sont fixées par le président et le ministre de l’Intérieur. On a changé Ndenguet mais Sassou et Mboulou qui coiffent ce département régalien sont toujours là.   C’est ici qu’il importe de se demander quelle est la vision du président sur le rôle de la police. Par observation on sait  que Sassou conçoit la police avant tout comme un outil  de répression pour pereniser son pouvoir. Pourtant, en règle générale, la mission traditionnelle de la police est de garantir la sécurité des personnes et des biens et de s’assurer de la mise en pratique des règles garantissant les libertés individuelles au public. Toutefois un autocrate, confronté à une police criminelle  fera tout pour ne pas reformer la police pour que celle-ci soit républicaine et au service de la population générale. De surcroît, avec des officiers de police analphabètes, l’espoir de procurer une formation pour les transformer en professionnels est très faible. La boucle est alors bouclée, avec le changement du directeur au mieux nous aurons des retouches superficielles mais jamais une reforme en profondeur de la police. 


R. Atipo