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  Le parfait coup de Sassou avec Pascal

politique
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Plusieurs partis politiques viennent d’être supprimés au profit de ceux qui jouent le jeu du pouvoir. Le principe de la qualification ou la disqualification des partis politiques par le gouvernement n’a pas été condamné par Guy Brice Parfait Kolelas et encore moins par Pascal Tsaty Mabiala.

L’hypothèse de Sassou, plus grand commun diviseur jamais connu, reste à jamais fondée en théorie et en pratique.

« Les bons comptes font des bons amis » dit un adage populaire. Au Congo-Brazzaville, Sassou Nguesso, Guy Brice Parfait Kolelas et Pascal Tsaty Mabiala, trois bons amis font des bons coups. Mais, pas forcément des bons comptes. Si, les comptes de Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas sont bien garnis, en revanche, pour les populations du Congo-Brazzaville qui vivent au gré des contrecoups, le compte n’y est pas.

Sur le terrain politique, les trois hommes sont à la fois alliés mais aussi concurrents. Et, à tous les coups, jusque-là, c’est le khalife d’Oyo Denis Sassou Nguesso qui l’emporte. Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas sont les deux candidats à la présidentielle de 2016 qui ont été les premiers à reconnaitre la victoire volée de Denis Sassou Nguesso. Ce n’est pas anodin. La suite des événements est significative. Ils accompagnent Sassou dans sa forfaiture. Pascal Tsaty Mabiala, dont le congrès du parti UPADS a été financé à hauteur de 400 millions de francs CFA par Denis Sassou Nguesso dixit Kinioumbi Kia Mboungou qui condamne l’idée de signer un pacte majorité-opposition aboutissant à un gouvernement d’union nationale, geste qui ne se justifie pas mais entraîne dans sa chute Guy Brice Parfait Kolelas docile comme un mouton de panurge.

Depuis quand un président de la République décide qui sera le leader de l’opposition dans son pays si ce n’est pour vouloir décider à la place dudit leader ? Or, au Congo-Brazzaville, c’est ce que Denis Sassou Nguesso a fait. Pascal Tsaty Mabiala a entériné sa propre dépossession du pouvoir et Guy Brice Parfait Kolelas l’a notifié en signant le 23 juin 2018 le mémorandum de l’opposition au Palais des Congrès envahi littéralement par les seuls militants et sympathisants de l’UDH Yuki survoltés, chantant à tue-tête. En effet, le député de Loudima, Tsaty Mabiala, ne mobilise plus depuis qu’il est accusé d’intelligence avec l’homme d’Edou-Penda. Pendant que le successeur de Lissouba (Pascal Tsaty Mabiala) est boudé par les siens, Guy Brice Parfait Kolelas est, lui, suivi dans ses élucubrations par les militants de l’UDH Yuki dépourvus de tout esprit critique. Ils devraient cesser d’avoir des yeux de Chimène pour leur leader politique. Pascal Tsaty Mabiala est désavoué par les militants de l’UPADS. Guy Brice Parfait Kolelas conserve la confiance et l’adhésion des militants de l’UDH Yuki. Pourquoi et comment ?

Affectio politicus

Il existe le Guy Brice Parfait Kolelas des champs qui est auréolé et le Guy Brice Parfait Kolelas des villes qui est décrié. Les militants et les sympathisants de l’UDH Yuki, majoritairement originaires de la région du Pool, entretiennent une relation fusionnelle et affective avec le leader de leur formation politique. C’est l’affectio « politicus ». « L’affectio politicus » serait en politique ce que « l’affectio societatis » est dans l’entreprise. « L’affectio societatis », est une locution d’origine latine qui désigne l’élément intentionnel indispensable à la formation du lien qui unit les personnes qui ont décidé de participer au capital d’une société qu’elle soit civile ou commerciale. L’existence de l’« affectio societatis » permet de distinguer la société, des syndicats de copropriétaires ou de certains groupements ou même des indivisions qui se forment sans cette volonté d’investir en commun et de partager les bénéfices ou les pertes de l’entreprise. Le même phénomène d’adhésion est observé autour de Frédéric Bintsamou alias Pasteur Ntoumi en dépit des ambiguïtés du personnage et malgré des relations troubles supposées dans la fourniture des armes par le général Ngatsé Nianga Mouala d’après les indiscrétions du Commissaire Mbizi auprès du général Norbert Dabira. André Grenard Matsoua, Bernard Kolelas et André Milongo, tous les trois originaires de la région du Pool, ont bénéficié, en leur temps, de la même adhésion et du même engouement. Le lien affectif politique se vérifie également entre Sassou et les ressortissants de Congo septentrional. La popularité auprès des originaires de la région du Pool de l’Abbé Fulbert Youlou et d’Alphonse Massamba Débat s’est manifestée a posteriori.

  Modus operandi

En effet, chacun peut reconnaître chez nous, sans que cela ne soit une critique, le règne dans la vie sociale et politique des solidarités primaires : ethniques, familiales, associatives, etc. C’est que le droit y est défaillant. Défaillance du droit voulue et savamment entretenue, instrumentalisée, non seulement par une classe politique mais aussi et même surtout par toute cette masse de lettrés vivant du parasitisme étatique et qui a intérêt à maintenir le statu quo et à bloquer l’évolution de notre société pour continuer à marginaliser et exploiter l’ignorance de nos va-nu-pieds, du peuple souffrant, peuple aussi bien des villes que des campagnes.

L’illettrisme chez nous relève d’une stratégie d’abrutissement et de domination des populations, le peuple souffrant, le prolétariat ambulant et sédentaire. D’où l’urgence d’une « force légale » qui, d’une part, doit rétablir l’école obligatoire afin que l’instruction ne soit plus un privilège réservé aux profiteurs de la République, l’élite opportuniste et, d’autre part, doit, selon la belle formule de Rousseau, « forcer le citoyen à être libre », c’est-à-dire le contraindre à respecter les lois qu’il a lui-même acceptées (congopage.com, 30 juin 2018).

Travail de sape du Khalife

  Sassou Nguesso, monarque resplendissant, a dynamité le MCDDI de Bernard Kolelas, notable rayonnant, désorganisé l’UPADS de Pascal Lissouba, élite monolithe, infiltré le RDPS de Jean-Pierre Thystère Tchicaya, notable flottant, pulvérisé l’IDC-FROCAD, disqualifié les partis revendicatifs de Mathias Dzon, l’homo économicus, de Clément Miérassa et de Guy Romain Kinfoussia, démuni d’affectio politicus, privé l’UDH Yuki de Guy Brice Parfait Kolelas de groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale, fait de Pascal Tsaty Mabiala le chef de file de l’opposition et, bouquet final, pris le contrôle de l’opposition. Le moins qu’on puisse dire de Sassou est qu’il assume bien le rôle de tyran total intégral ou de phénomène impérial total.

Denis Sassou Nguesso a publié la « short list », expression anglo-saxonne utilisée pour désigner la liste des agences finalistes participant à une compétition (spéculative) organisée par un annonceur. Plusieurs partis politiques viennent d’être supprimés au profit de ceux qui jouent le jeu du pouvoir. Le principe de la qualification ou la disqualification des partis politiques par le gouvernement n’a pas été condamné par Guy Brice Parfait Kolelas et encore moins par Pascal Tsaty Mabiala. Deux supposés opposants, que sont Guy Brice Parfait Kolelas et Pascal Tsaty Mabiala, se sont fédérés pour préparer le semblant de dialogue que va organiser le pouvoir pour tromper la vigilance du FMI et la communauté internationale.

  Flop à Kinkala

Le leader du Yuki n’a pas obtenu l’adhésion de la foule à Kinkala contrairement à la liesse et l’ambiance de kermesse observées au Palais des Congrès de Brazzaville. Les militants et les sympathisants l’UDH sont restés dubitatifs. Est-ce le début de la prise de conscience, la rupture de l’affectio politicus ou, pour paraphraser Sony Labou Tansi, le commencement des douleurs des leaders politiques ? L’opération de communication de Guy Brice Parfait Kolelas à Kinkala sur le Conseil national du dialogue n’a pas rencontré un franc-succès. Ce fut un flop du rat des champs ou de campagne que sont supposés être les Kolélas.

Les populations du Congo-Brazzaville devraient s’appuyer sur la concurrence politique en quittant leurs habits de chimères pour revêtir ceux de la réalité en donnant vie à une démocratie débarrassée des serres de l’ethnie, de l’emprise de la tribu ou de la mainmise de la région. Guy Brice Parfait Kolelas et Pascal Tsaty Mabiala parviendront-ils à passer entre l’écorce et le tronc pour asséner un coup d’arrêt à la succession dynastique que mijote Denis Sassou Nguesso ? Sauf coup de Jarnac des deux lascars, les paris sont pris à tous prix.

  Benjamin BILOMBOT BITADYS