Perdu dans l’océan de la corruption, du népotisme, de la concussion, des biens mal acquis, de l’incompétence et de resquille en tout genre, le Congo-Brazzaville, vogue de drames en drames sur fond de l’impunité.
Perdu dans l’océan de la corruption, du népotisme, de la concussion, des biens mal acquis, de l’incompétence et de resquille en tout genre, le Congo-Brazzaville, vogue de drames en drames sur fond de l’impunité. Plus de trois mois après la tragédie au stade d’Ornano, il y a lieu de s’interroger sur la volonté réelle des autorités de Brazzaville et leurs capacités, plutôt proches de l’incompétence, à résoudre les problèmes qui se posent à eux.
Ce drame n’est pas à ranger dans les tiroirs de l’oubli, tant il traduit le niveau atteint dans la désinvolture des traitements des affaires publiques par les autorités en charge de l’Etat.
Depuis ce 20 novembre 2023, la nation congolaise est plongée dans le deuil et la consternation après le drame survenu au Stade d'Ornano, où plus de 37 jeunes aspirants militaires ont perdu la vie dans la nuit de ce lundi au mardi. Ce qui aurait dû être un moment d'espoir et d'engagement patriotique s'est transformé en une tragédie inimaginable, mettant en évidence des failles inexcusables dans l'organisation de ce recrutement.
Les autorités militaires avaient lancé un appel massif pour le recrutement de nouvelles recrues afin de renforcer les rangs de l'armée nationale. Dans ce pays ruiné, où les forces de défense constituent l’unique pourvoyeur d’emplois, les jeunes, venus en nombre, répondre à l'appel des autorités militaires, aspiraient à servir leur pays avec dévouement et patriotisme. Cependant, au lieu de réaliser leurs rêves, ils ont été victimes d'une série d'erreurs monumentales, mettant en évidence l'absence flagrante de préparation et de précaution de la part des responsables militaires.
L'événement s'est transformé en un cauchemar, révélant une planification défaillante et une gestion insouciante de la part des responsables.
Notre culture bantoue qui magnifie tout ce qui se cueille le matin ou qui se fait au grand jour avec clarté considère que les diables les plus lucifériens opèrent dans les interstices de la nuit, tels des rapaces diurnes. De fait, les dirigeants congolais ont tourné le dos à nos traditions en agissant de nuit pour mieux assujettir leurs concitoyens. Ainsi, les résultats des pseudos élections, par exemple, sont publiés tard dans la nuit…
Mais pourquoi, diable, les organisateurs de ce surprenant recrutement militaire nocturne n’ont-ils pas été eux-mêmes emportés par les démons de la nuit ? Dans son message de condoléances au Parlement, le Premier ministre congolais, en tentant de dédouaner le Chef de l’Etat, l’a présenté, tout de go, comme étant l’instigateur principal de ce drame. Les Congolais chercheront l’erreur.
Partout dans le monde, les candidats les plus motivés à un concours ont toujours cherché à être les plus près possible du lieu de l’examen, inondant les hôtels quand il y en a et en ont les moyens. Les jeunes congolais n’ont donc pas fait exception.
A travers cette tragédie, l’on aperçoit aisément le caractère non-républicain, ainsi que les limites de cette armée congolaise très redoutée par la population.
Toujours prompte à envahir les quartiers de la capitale et les provinces jugées rebelles, l’armée congolaise s’est montrée incapable d’assurer la sécurité et l’assistance aux participants à cet insolite concours organisé par elle-même, en un lieu choisi par elle, situé dans une zone militaire, nuitamment !
Zéro ambulance. Zéro médecin. Zéro pompier. Zéro secouriste. Zéro … zéro. En revanche, plus de mille cinq cents jeunes, entre 18 et 25 ans, campaient. Autrement dit, le rendez-vous avec la mort, tant le néant a prévalu dans l’organisation.
Dans un pays démocratique, après une telle tragédie, l’opinion aurait eu son mot à dire ou, tout au moins, aurait eu droit à l’information ; et, les autorités coupables ou responsables auraient démissionné. Mais au Congo-Brazzaville, où règne l’impunité, ce énième drame se soldera, à n’en point douter, en eau de boudin, comme l’ont été celui de CHACONA, et celui du 4 Mars …
Des vies innocentes ont été sacrifiées au nom de l'engagement envers la patrie, confortant les soupçons d’ombres sombres qui planent sur l'intégrité et la compétence des autorités congolaises.
La question qui se pose est celle de la sécurité. Comment se fait-il qu'un événement de cette envergure, impliquant des milliers de jeunes, n'ait pas été suffisamment sécurisé pour éviter une telle tragédie ? Les témoignages des survivants parlent de conditions chaotiques, de foules incontrôlables et d'une absence apparente de mesures de sécurité adéquates. Il est inacceptable que des vies aient été mises en danger de manière aussi flagrante.
En outre, la question de la supervision médicale adéquate se pose avec acuité. Les autorités ont-elles pris toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les candidats étaient physiquement aptes à subir les épreuves du recrutement ? La négligence dans ce domaine est inexcusable et soulève des doutes sérieux quant à la compétence des responsables.
Par ailleurs, il est crucial d'interroger la pertinence de la gestion logistique de cet événement. Les autorités étaient-elles préparées à faire face à une affluence aussi massive de candidats ? Les infrastructures mises en place étaient-elles adéquates pour gérer efficacement le flux de personnes ? Les tragédies comme celle-ci ne peuvent pas être simplement attribuées à la fatalité ; elles résultent souvent de l'incompétence et du manque de préparation.
Plus largement, les motivations de cette opération de massification de l’armée restent dans l’escarcelle d’un double objectif conjuguant la conservation du pouvoir et l’implantation réelle ou supposée de l’armée rwandaise au Congo-Brazzaville. L’amateurisme qui a entouré ce recrutement laisse davantage penser à une tentative de création de milice déguisée qu’à un sérieux recrutement militaire conduit par des valeureux fantassins d’une armée républicaine.
Les familles des victimes méritent des réponses claires et des mesures immédiates doivent être prises pour assurer que de tels événements ne se reproduisent jamais. Les responsables de cette tragédie doivent être tenus responsables de leurs actions, ou de leur inaction, et des réformes substantielles doivent être entreprises pour garantir que la vie humaine est toujours priorisée.
Si les populations du Congo semblent avoir développé, vis-à-vis du pouvoir de Brazzaville, le syndrome de Stockholm et en appelle à Dieu, (il faut croire qu’elles ont sûrement un Dieu), la jeunesse congolaise se doit d’être vigilante et de rester en colère car aucune solution ne viendra du ciel.
Abraham Avellan WASSIAMA