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Après le Burkina, le Burundi avant le Congo ?

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RFI

Burundi: une contestation qui se construit dans la rue

Au Burundi, les manifestants sont une nouvelle fois sortis dans la rue pour le troisième jour consécutif, ce mardi. Ils s’opposent à une nouvelle candidature du président Pierre Nkurunziza à l’issue de son deuxième mandat à la tête du pays. Pour l’instant, la mobilisation ne faiblit pas et les manifestants sont de plus en plus organisés.

Des manifestations quotidiennes, des scènes de guérillas urbaines. Dix ans après la fin de la guerre civile au Burundi, on assiste aujourd’hui à une contestation inédite. Dimanche 26 avril, en l’espace d’une heure, on est passé de petits rassemblements à une confrontation directe avec la police.

Un mouvement que les autorités qualifient de soulèvement ou d’insurrection. Elles ont publiquement pointé du doigt des partis politiques d’opposition qui, selon les autorités, auraient tout à perdre à aller aux élections à venir, mais également des responsables de la société civile, commele militant des droits de l’homme Pierre-Claver Mbonimpa, la plus célèbre radio du Burundi, la Radio publique africaine aujourd’hui fermée, et plus officieusement le Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) de l’opposant et fondateur de la radio RPA, Alexis Sinduhije aujourd’hui en exil.

Les manifestants, eux, rejettent ces accusations : « Ce sont des mensonges. Moi, je suis frodebiste [Front pour la démocratie au Burundi]. Lui il est MSD et lui, il est Uprona [Union pour le progrès national]. Celui-là il est Agathon Rwasa. Tous les partis politiques, toutes les ethnies, nous luttons ensemble pour que Pierre Nkurunziza quitte le pouvoir. »

Une jeunesse dans la rue

Alors que la police mène des opérations dans son quartier Musaga, un jeune manifestant explique les raisons de cette nouvelle mobilisation : « Maintenant, ce sont des manifestants vraiment politiques. C’est presque la première fois, donc c’est quelque chose vraiment de nouveau ici au Burundi, parmi la jeunesse bien sûr. Les jeunes se sont éveillés en fait parce que la démocratie commence à être un peu pratiquée, parce qu’il y a les sociétés civiles, il y a les médias, il y a tout ça qui fait éveiller les consciences de la jeunesse. Ils essaient de leur montrer comment ils peuvent défendre leurs droits pacifiquement. C’est ça qui se passe ici-même. »

Plus loin, un autre manifestant fait part de son récent engagement : « On ne peut pas respecter quelqu’un qui a violé la Constitution. Donc nous sommes dans les rues et on ne va pas retourner à la maison. Nous allons rester ici. Nous allons prendre l’itinéraire [vers] la place de l’Indépendance. Et on ne va pas retourner à la maison. »

Dénoncer la pauvreté et l’injustice

Pourquoi cette contestation se limite à quelques quartiers seulement, et uniquement dans la capitale Bujumbura ? Un jeune de Nyakabiga, autre quartier contestataire situé près de l’Université du Burundi, s’est fait sa propre opinion : « Ici à Nyakabiga, ce sont des Hutus et Tutsis, mais c’est un quartier avec des intellectuels et des étudiants. Ils consultent des informations sur Internet. Les gens de la campagne, ils ne savent rien. Lorsqu’on leur demande s’ils sont d’accord avec le président, ils te disent avoir besoin de la paix, tout simplement. »

Parmi les manifestants, en majorité des étudiants, des élèves, mais aussi beaucoup de jeunes sans emploi. Manipulés, disent les autorités. Eux qui sont issus de quartiers populaires de Bujumbura dénoncent au-delà du troisième mandat de Pierre Nkurunziza, la pauvreté et l’injustice. Et cette injustice, à leurs yeux, s’incarne dans la police qu’ils accusent d’être à la solde du parti au pouvoir. Déployée au lendemain des violences de dimanche dernier, l’armée, en revanche, est perçue comme une force neutre, elle est quotidiennement acclamée.

©RFI

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