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Serge Blanchard Oba, membre de la majorité présidentielle, torpille le projet de Sassou

politique
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La récente sortie de Serge Blanchard Oba, ancien directeur général la société nationale des télécommunications, chef d'un parti membre de la majorité au pouvoir sur le sujet du respect de la constitution du 20 janvier 2002 va sans doute mettre encore du plomb dans l’aile au projet de Sassou de mourir au pouvoir.

Au cours d’une conférence de presse tenue le 11 juin 2015 sous le label d’une plateforme politique dénommée « Alternance 2016 », Serge Blanchard Oba a dit tout le mal qu’il pensait du projet de Sassou de tripatouiller la constitution à des fins personnelles, projet qu’il qualifie de « juridiquement infondé, moralement inadéquat, politiquement désastreux et socialement explosif ».

Après l’annulation des épreuves du Bac 2015 et la réaction des lycéens sur presque toute l’étendue du territoire le « socialement explosif » n’apparait plus comme une exagération. Même les plus fervents supporters du président chantant sur tous les tons que le Congo n’est pas le Burkina ont pu mesurer ce qui attend le pays dans l’hypothèse de la poursuite de ce projet diabolique.

Serge Oba n’est pas le premier au sein de la majorité présidentielle à faire entendre une voix discordante mais il est peut-être celui qu’on attendait le moins dans ce type d’exercice. Avant lui il y a eu le fils Kolela et son MCCDI, le fils Thystère Tchicaya et son RDPS, le RDD de l’ancien président Yhombi, Mme Munari et son parti le Must sans compter des personnalités du PCT parmi lesquelles un membre éminent du PCT ancien ministre délégué à la défense, Charles Zacharie Bowao.

Alors que tous ces derniers étaient considérés comme des frondeurs reprochant au PCT son hégémonie dans la gestion du pouvoir, Serge Blanchard Oba ferait, lui, partie du cercle familial de Sassou avec qui il entretiendrait même des liens de parenté. On aurait donc pu croire qu'il adhérait à la théorie clanique exposée à Edou par Sassou selon laquelle le pouvoir qu'il détient est semblable à un animal pris dans un filet : le sien.

Que nenni. La sortie tonitruante de celui qu’il convient de présenter maintenant comme l’enfant terrible du clan déplaira donc forcément, pour plusieurs raisons, au dictateur : Oba vient renforcer le camp des forces opposées au changement de la constitution, aux côtés du Frocad, du CADD d’André Okombi Salissa, du RDD et de nombreuses autres personnalités de l’opposition ; ensuite ses déclarations coupent l’herbe sous les pieds des fervents supporters de Sassou qui le présentent comme étant le seul capable de maintenir la paix dans le pays et de faire du Congo une nation émergente dans quelques années.

Brossant un tableau assez apocalyptique du régime Sassou, Serge Blanchard Oba déclare ce qui suit :

« Après un essor encourageant en 1992, la démocratie congolaise a avancé en reculant pour déboucher sur tous les vices du passé.

- Ainsi, la remise sous le boisseau de la parole sociale ;
- La mise au pas de la Justice ;
- L’atteinte aux libertés fondamentales, l’opacité de la gestion des finances publiques ;
- Toutes choses évoquant la vitalité d’un régime dur.

Le Congo en ce 21ème siècle est en état de compression. Toutes les attentes de progrès marquent le pas.

- L’école, la santé, l’électricité, l’eau courante, qui sont des éléments de base d’une marche vers le développement demeurent des préoccupations qui humilient un pays riche du déséquilibre avantageux dans le rapport démographie/richesses exploitées ;

Aucun segment de la société n’échappe à la détresse sociale ».

Mais l’homme au cœur de « Alternance 2016 » ne s’est pas contenté d’établir un diagnostic sombre de la situation socioéconomique et politique du Congo. Il indique ce que doivent faire les forces vives de la nation au cas où le président persisterait dans cette voie du changement de la constitution.

« a/- Alternance 2016 rejette toute idée de changement de constitution pour des motifs personnels ;
b/- Alternance 2016 informe le peuple congolais sur le viol de la constitution du 20 janvier 2002 en cours et de ce que ce projet de changement de la constitution est juridiquement infondé, moralement inadéquat, politiquement désastreux et socialement explosif ;
c/- Alternance 2016 prend l’engagement de s’opposer par tous les moyens légaux à tous projets qui puissent remettre en cause les acquis démocratiques.

Alternance 2016 demande au Président de la République du Congo de ne pas procéder au changement de la constitution pour des motifs d’inspirations personnelles. »

Décidemment cette conférence de presse ne pouvait pas tomber à un plus mauvais moment car après la tentative du président de reprendre la main avec l’organisation de ses consultations boycottées par le Frocad, voilà Serge Blanchard Oba qui vient mettre le poto poto dans la stratégie du dictateur de l’Alima.

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 A lire

ALTERNANCE 2016 par Serge Blanchard OBA

MOT LIMINAIRE

Messieurs les Présidents des Partis Politiques ici présents ;
Messieurs les Représentants des Présidents des Partis Politiques excusés ;
Messieurs de la Presse ;
Distingués invités, Mesdames et Messieurs.

Heureux de vous savoir dans cette salle. Merci d’avoir répondu favorablement à mon invitation à cette conférence de presse que je vais conduire.

Mesdames et Messieurs,

Cette conférence trouve sa justification du climat délétère qui s’est installé dans notre pays depuis l’intervention dans le climat politique de la question du sort que l’on entend faire à la constitution de notre pays notamment par le plus grand parti de la majorité présidentielle qui a sonné le rappel des troupes à cette fin.

De fait, le climat de paix dont nous nous félicitons tous, s’en trouve écorché, menacé.

Bien au-delà du microcosme politique, les citoyens ont commencé à faire monter, nous le constatons tous, des expressions résolus de refus de voir la constitution passer la main pour accoucher d’un troisième mandat du Président de la République, quel que soit par ailleurs l’estime et l’affection qui le liait à certains d’entre nous.

Ces expressions que ne relayent pas les médias d’Etat confèrent un faisceau de clarté au débat qui quitte l’enlisement habituel de la bipolarisation conflictuelle de la vie politique et qui perd là un code essentiel.

Cette question citoyenne qui ne doit être entendu que comme cela a en effet permis aux hommes et aux femmes politiques de tout bord de révéler des convergences de progrès qui débloquent un entendement baroque et pratiquement chronique de faire la politique.

Je me réjouis de ce nouveau contexte qui invite à un autre demain plutôt qu’à un éternel recommencement qui trouve lui-même son explication dans l’imprévision avérée d’une vieille classe politique, la même depuis trente ans qui ne sait pas partir pour permettre l’émergence d’une nouvelle génération avec à la clé un nouveau penser et un nouvel agir.

Cette classe politique prisonnière des mêmes préventions les uns vis-à-vis des autres et réciproquement, ne saurait prétendre donner des gages d’un avenir convaincant.

Dans son égoïsme elle a parqué la génération des 60 ans et celle des 50 ans dans une sorte de contrition.

J’invite tout le monde à accepter le temps qui passe et à cesser de faire croire que les intelligences d’aujourd’hui comptables des avancées qui changent le monde partout ne sont pas à même de prendre le destin national en main au Congo.

Si notre résolution est claire et nette quant au refus de changer la constitution, il nous plait d’espérer que la hauteur de vue d’hommes d’Etat au long cours éclairera les uns et les autres et que sur une question mal abordée une sursaut, un noble sursaut puisse faire jaillir un consensus éclairé.

Si de cela nos papas, nos aimés ne peuvent convenir, il y a à désespérer des vertus des longues expériences.

Ce ton tout mesuré traduit mon tempérament naturellement porté vers l’amour, les compromis que vers des crispations pouvant conduire au désordre et à des nouveaux retards.

Je parle ici par devant notre peuple vis-à-vis duquel je n’ai que des devoirs.

Puisse Dieu sous sa bienveillance inspirer les uns et les autres pour que le progrès triomphe plutôt que l’exacerbation des tensions qui créent un état de compression pour un peuple qui n’a que trop souffert de ses hommes politiques.

J’ai une forte pensée ce matin pour nos enfants qui exprimant une rage justifiée par nos erreurs sont pourchassés. Ils sont mis en prison comme des véritables malfrats.

Nos cœurs sont endurcis, nos attitudes se radicalisent oubliant que nous sommes des pères de famille, que l’avenir de ces enfants est entre nos mains sauf si mon enfant est différent de notre enfant ?

Si la génération de 50 à 60 ans a été captive de nos bêtises humaines diverses, le carcan ne saurait embrigadé ceux des tranches inférieures même s’ils sont d’origine pauvre, de pouvoir être fier d’être congolais donc bénéficier de la justice sociale et de l’équité dans leur existence.

Personne, je dis bien personne ne savait que les débats sur l’article 75 de la défunte constitution engendrerait autant de dégâts. Un Congo nouveau doit se dévoiler par notre action.

C’est pourquoi, Alternance 2016 incite à ne pas changer les règles de jeu pendant le match afin de favoriser pour nos enfants le bénéfice d’un avenir autre que le nôtre.

La culture de l’alternance forgée par une éducation démocratique de l’élite de demain serait de mise au lieu de pérenniser des rancœurs sourdes au fond de leur moi profond, attendant lentement et surement le moment pour l’exprimer. La corde quand elle est trop raide, elle finit par se casser.

Motivations

Après un essor encourageant en 1992, la démocratie congolaise a avancée en reculant pour déboucher sur tous les vices du passé.

- Ainsi, la remise sous le boisseau de la parole sociale ;
- La mise au pas de la Justice ;
- L’atteinte aux libertés fondamentales, l’opacité de la gestion des finances publiques ;
- Toutes choses évoquant la vitalité d’un régime dur.

Le Congo en ce 21ème millénaire est en état de compression. Toutes les attentes de progrès marquent le pas.

- L’école, la santé, l’électricité, l’eau courante, qui sont des éléments de base d’une marche vers le développement demeurent des préoccupations qui humilient un pays riche du déséquilibre avantageux dans le rapport démographie/richesses exploitées ;

Aucun segment de la société n’échappe à la détresse sociale

- Les retraités accèdent difficilement à leurs pensions ;
- La jeunesse est étranglée par un chômage endémique dont aucune issue n’est entrevue ;
- L’implication de la femme et son épanouissement dans la réalisation de la société ne traduit aucune avancée.

En face de cela, des fortunes immenses idoines se dressent insolemment narguant les populations paupérisées, désespérées.

Ces fortunes ne sont pas le fait de capitaine d’industries mais de fonctionnaires véreux, corrompus, lancés dans une frénésie de la possession de base matérielle dans l’impunité totale.

Par ailleurs, le Parti Congolais du Travail (PCT), le parti du Président de la République a ouvert la boite de pandore en appelant au changement de la constitution.

Dans cette dérive d’essence monarchique, le seul rempart c’est la prise de conscience citoyenne de tous les congolais.

Ainsi donc, face à un pouvoir en apesanteur sur la réalité, complètement fermé dans la seule industrie qui marche dans ce pays : la propagande, seul le génie populaire est le recours légitime.

APPEL '' Alternance 2016 ''

Le Congo est dans une phase fondamentale de son existence, celle de l’affirmation de sa maturité en tant que Nation.

Cette phase exige de chaque citoyen une éthique de responsabilité capable d’assumer le passé et surtout d’inventer l’avenir.

Nous lançons un appel à toutes les forces de progrès de la Nation au-delà des convictions religieuses, des tribus, d’idéologie, de parti, soucieuse de favoriser une alternance intégrale de l’Homme et de la vision de développement de notre beau pays, de nous rejoindre afin d’assurer dans la paix, le respect de l’autre, le respect de la constitution, afin de dessiner un autre avenir pour le Congo.

1/- Le débat actuel sur les institutions ne répond à aucune pertinence logique, car rien ne nous suggère de procéder au changement de la constitution, vu qu’aucun problème de gouvernance démocratique ne s’est posé.
2/- Dans l’affirmative, le changement de constitution ne peut-être une problématique personnelle, orientée vers une préoccupation nationale afin d’y trouvée une solution intelligente car cette forme d’intelligence est une esquisse négative sur la vie de la nation. Au total, le changement de la constitution actuelle, si et seulement si, quelques aspérités existent, ne peut se faire en faveur de l’actuel Président de la République qui, par deux fois a prêté serment sur les fondements politiques et éthiques de cette constitution.
3/- Le peuple congolais se trouve à la croisée des chemins. C’est la première fois qu’une constitution a survécu pendant 14 ans.
4/- Toutes tentatives de procéder au changement de la constitution pour des fins personnelles sera interprétées par le peuple comme une manœuvre désastreuse qui anéantit la noblesse de la parole publique.
5/- Du nord au Sud, de l’est à l’ouest, le peuple congolais saura répondre dans l’humilité et envahit par le sentiment de dignité d’accepter toute démarche qui correspond à l’intérêt général et non celle qui sublime l’intérêt particulier, partisan et égocentrique.

Fort de ce qui précède

- Conscient des enjeux de stabilité sociale ;
- Engagé à préserver l’unité nationale ;
- Déterminé à raffermir la démocratie au Congo.

a/- Alternance 2016 rejette toute idée de changement de constitution pour des motifs personnels ;
b/- Alternance 2016 informe le peuple congolais sur le viol de la constitution du 20 janvier 2002 en cours et de ce que ce projet de changement de la constitution est juridiquement infondé, moralement inadéquat, politiquement désastreux et socialement explosif ;
c/- Alternance 2016 prend l’engagement de s’opposer par tous les moyens légaux à tous projets qui puissent remettre en cause les acquis démocratiques.

Alternance 2016 demande au Président de la République du Congo de ne pas procéder au changement de la constitution pour des motifs d’inspirations personnelles.

Alternance 2016 réaffirme son attachement à l’organisation des élections présidentielles dans les délais constitutionnelles et dans les conditions de transparences et d’équité telles que définies dans la charte de l’Union Africaine ratifiée par le Congo.

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