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Sassou : secouer le Pool pour conserver le pouvoir

politique
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Historiquement, le département du Pool a toujours été à la pointe des revendications des populations du Congo. Le président Pascal Lissouba, en son temps, avait fini par reconnaitre, certes tardivement, le rôle incontournable de ce département. Qu’il s’agisse du Pool Malébo où veut s’éterniser Kabila ou du Département du Pool rive droite (côté Brazzaville) où s’est fossilisé Sassou-Nguesso, la situation est devenue anxiogène au travers des velléités extraconstitutionnelles des pouvoirs autocratiques en place visant leur conservation respective.

Dans sa splendeur géographique, le Pool abrite les deux capitales les plus proches au monde où se pose simultanément la problématique de l’alternance politique : Kinshasa et Brazzaville.

Qu’il s’agisse du Pool Malébo où veut s’éterniser Kabila ou du Département du Pool rive droite (côté Brazzaville) où s’est fossilisé Sassou-Nguesso, la situation est devenue anxiogène au travers des velléités extraconstitutionnelles des pouvoirs autocratiques en place visant leur conservation respective.

Historiquement, le département du Pool a toujours été à la pointe des revendications des populations du Congo. Le président Pascal Lissouba, en son temps, avait fini par reconnaitre, certes tardivement, le rôle incontournable de ce département.

L’on ne peut gouverner le Congo-Brazzaville sans une attention particulière à ce département qui s’apparente à l’œil du peuple du fait de sa proximité. Ainsi, les différents conflits qui éclatent au Congo-Brazzaville trouvent leur théâtre d’expression dans le Pool.

S’en servir en marchant sur les cadavres de ses habitants est une réalité qui se déroule régulièrement sous nos yeux. Les principaux acteurs devant allumer, consciemment ou inconsciemment, la mèche sont déjà sur les starting-blocks.

A Kinkala, le président Sassou a prévenu de ce qu’il adviendrait si la réforme constitutionnelle qu’il entreprend se heurtait à une quelconque résistance. On se souviendra longtemps de son stupéfiant « gout du sang ».

Malgré des nombreuses années passées au gouvernement, Parfait Kolélas est resté, en fait, indomptable par le pouvoir. Mieux, dans le cadre de l’alliance conclue entre le pouvoir et le MCDDI, il revient au PCT de soutenir cette fois-ci le candidat du MCDDI, argue-t-il. Par conséquent, la réforme constitutionnelle voulue par Sassou constitue une duperie, à ses yeux. Alors, exit Parfait Kolélas du gouvernement.

Mais un Kolélas s’en va, un autre entre au gouvernement et le père Bernard Kolélas se retourne dans sa tombe. Avec la nomination de Landry Kolélas mettant dans sa poche sa sœur, Sassou conserve le label Kolélas et espère récupérer les voix des récalcitrants militants du MCDDI tout en brûlant la maison Kolélas.

En effet, l’implosion d’une famille par des querelles intestines n’a aucune valeur nationale. Cependant, l’explosion que subit cette fratrie à travers le parachutage de Landry Kolélas nuitamment à Brazzaville et son irruption dans l’appareil gouvernemental est un acte politique d’importance.

Il s’agit là de la très connue main noire du pouvoir de Brazzaville qui se lance dans la diversion tout azimut, sur fond de panique. Opposer les frères Kolélas afin de déplacer progressivement de la difficile équation de conservation du pouvoir au-delà des limites autorisées par la loi fondamentale, vers d’autres terrains et notamment celui du Pool via le MCDDI, appelle à la vigilance.

Humilier davantage son défunt rival charismatique en se servant de sa progéniture comme paillasson ne constitue-t-il pas un odieux acte triomphant d’un vainqueur lui-même ko ?

Les frères Kolélas finiront bien, hélas, par se rendre compte que l’on ne mange jamais avec le diable, même avec une longue cuillère, une fois que toute la famille aura été écrasée et expédiée aux enfers. Ce baiser de minuit que Landry Kolélas vient de donner au président congolais aux abois dégage des effluves de lisier mêlées.

Il revient à ce fils Kolélas d’épargner surtout le département du Pool des querelles inutiles, et, au pays tout entier, de lui dispenser toute effusion de sang promise par le Chef de l’état à Kinkala. Quelques fois, il est préférable que les oreilles ne dépassent pas la tête, disaient nos ancêtres.

La relative naïveté, mélangée à l’irresponsabilité ambiante, qui tourbillonne actuellement dans chez les Kolélas, pourrait servir de marchepied à un président capable de récidiver dans l’embrasement du pays.

Ce déchirement, en apparence familial, est une subtile manœuvre de transfert du face à face brûlant au sein du PCT opposant les partisans du maintien de Sassou au pouvoir à ceux qui espèrent son éviction, en conflit ouvert chez les Kolélas et par ricochet au sein du MCDDI.

Cet affrontement interne à la machine dictatorial masqué par le débat sur la réforme constitutionnelle est un poison inoculé dans le pays en vue d’échapper à l’officialisation du bilan calamiteux du pouvoir de Brazzaville et des conséquences politiques et juridiques qui en découleraient.

Ainsi de proche en proche, l’on toucherait le turbulent département du Pool à travers des acteurs préfabriqués, comme par le passé. Puis, une fois la mue de ce pseudo débat en cacophonie assourdissante réalisée, l’on décrètera l’état d’urgence.

Pour l’instant, le cordon sanitaire établi par le MCDDI de parfait Kolélas a résisté en renvoyant hors du champ ce fauteur de trouble à la solde du pouvoir.

Longtemps la dictature brouillait les pistes de ses forfaits en agitant les spécificités ethniques. A l’heure actuelle, il est erroné de voir dans les aspirations des populations du Congo essorées par la misère, l’ombre d’une quelconque démarche tribale.

Ce département du Pool paie constamment un très lourd tribut. Les guerres et ravages économiques de ces dernières décennies l’ont totalement dévasté. La vie dans Brazzaville s’en ressent terriblement par l’absence des produits locaux, d’où la flambée des prix…

Comme partout au Congo, de Mindouli, de Ngamaba, de Boko, Mayama, Kindamba, Mbandza-Ndounga, Kinkala, Ngabé … l’école, dans ce département, a tellement été saccagée qu’elle en est repartie aux temps antiques.

Endeuillé pour longtemps, ce département reste pourtant digne. Aucun responsable n’a réellement pris le temps de jeter un regard de compassion à ces vaillants habitants multi orphelins comme ceux du Niari… que l’on tente de fourvoyer par des clopinettes du voyeurisme estampillé « municipalisation accélérée ».

En référence à la chanson « sur la route … Mayama », il importe d’arrêter ce robinet de sang qui continue de couler dans le pays et édifier un Congo nouveau mettant en avant les valeurs humaines, l’éducation et la formation des jeunes.

Pendant ce temps, le vieux projet phare du Pool-Malébo notamment celui du pont sur le Congo sensé relier Zanaga, Kivou, Boko, Kisangani, Lubumbashi et Ouesso attend toujours les dignes fils talentueux et avertis des enjeux du développement du pays.

Abraham Avellan WASSIAMA