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Les évêques du Congo prennent position dans le " débat " sur le changement de constitution

politique
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La position de l'Eglise catholique du Congo dans le " débat " artificiel sur la constitution était attendue. A l'instar de son homologue du Burkina Faso hier, l'Eglise se range résolument du côté du peuple. Comment pouvait-il en être autrement, sauf à trahir les aspirations de ses ouailles qui souffrent et dont elle se sent si proche ?

Dans leur message de Noël, les évêques du Congo considèrent que " Le débat sur le changement ou la révision de la constitution est politique. A ce titre, il concerne l’ensemble des Congolais ". C''est donc la raison pour laquelle " sans parti pris et très respectueusement, [ils interpellent] la classe politique sur le projet du changement de la constitution de 2002 ".

Les évêques relèvent que " finalement, ce qui est en jeu dans ce débat politique actuel, c’est l’épineux problème de l’alternance au pouvoir. De manière explicite, nous Evêques du Congo, nous proposons que l’alternance au pouvoir devienne une règle intangible et immuable pour notre démocratie : un mandat renouvelable une seule fois ", écrivent-ils.

 Lire ci-dessous des extraits de ce message

10. Aussi, nous tenons à rappeler que L’Eglise a le devoir moral, de faire remarquer qu’en régime démocratique, aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité au peuple. A qui et à quoi servirait un changement de la Constitution dans la division, sinon qu’à mettre en péril la paix sociale ? Ce serait un recul pour notre pays.

11. La Constitution du 20 janvier 2002, certes peut être révisée pour des motifs légitimes et opportuns. Cependant, nous estimons qu’il y a un certain nombre de dispositions que nous trouvons fondamentales pour toute démocratie et qui méritent d’être toujours sauvegardées. Au nombre de ces dispositions, l’on peut citer : L’article 185 en ses alinéas 2 et3qui stipulent respectivement : « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire » ; « La forme républicaine, le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du Président de la République ainsi que les droits énoncés aux titres I et II ne peuvent faire l’objet de révision ».Nous devons considérer ces dispositions comme un acquis précieux que nous avons tous à protéger, à défendre et à promouvoir pour garantir un avenir stable et serein à notre jeune démocratie. Remettre en cause cet acquis serait provoquer un recul devant l’histoire qui ne ferait pas du tout honneur à notre cher beau pays, dans le concert des nations modernes et qui compromettrait notre avenir politique.

4. Nos propositions

12. A la suite de Benoît XVI, nous disons avec force que « le non respect de la constitution nationale, de la loi et du respect des urnes, là où les élections ont été libres, équitables et transparentes, manifesterait une défaillance grave dans la gouvernance et signifierait un manque de compétence dans la gestion de la chose publique » ([1] ).

13. C’est donc sans parti pris et très respectueusement, que nous interpelons notre classe politique sur le projet du changement de la constitution de 2002. La démocratie suppose le respect du droit et un consensus partagé autour des valeurs cardinales. Comme le recommande la Déclaration Universelle sur la Démocratie : « La démocratie est un idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples. Elle est donc un droit fondamental du citoyen, qui doit être exercé dans des conditions de liberté, d'égalité, de transparence et de responsabilité, dans le respect de la pluralité des opinions et dans l'intérêt commun » ([2])...

Lire la totalité du message

Notre commentaire

Noël précédant la fête du Nouvel An, le calendrier a voulu que l’Eglise catholique s’exprime avant le discours de M. Sassou, sur ce " débat " sur le changement de Constitution créé de toutes pièces par le pouvoir en place.

Un véritable caillou dans la chaussure du dictateur à vrai dire, car les évêques ont clairement pris position en s’opposant à tout tripatouillage de la Constitution, en dénonçant à mots à peine voilés cette manoeuvre orchestrée par le pouvoir dans l'unique but d'empêcher l'alternance.

Bien entendu, Sassou ne répondra pas directement aux évêques. Mais, comme d’habitude " Les Dépêches de Brazzaville", un journal dont les Congolais pensent que ses éditoriaux sont contresignés au palais, le feront à sa place.

Dans son discours du Nouvel An Sassou se félicitera du " libre débat " sur la constitution qui a lieu. L'occasion pour lui de gloser à nouveau sur la paix, qu’il faut préserver, ce qui dans sa bouche signifie qu’on doit le laisser mourir au pouvoir, en le reconduisant pour un énième mandat, sauf à aller vers la guerre civile, à verser " le sang des autres ".

En un mot, il proposera un dialogue national, un piège à cons (comme le dialogue d’Ewo ou de Dolisie) destiné à berner quelque naïf de service, genre Tsaty Mabiala (1) et autre cheval de Troie, pour discuter, sans l'annoncer clairement, du changement de constitution. Qui vivra verra...

(1) « L'UPADS demande aux démocrates, aux patriotes, aux gens de bonne foi, de se rassembler pour créer un Front républicain pour la défense de la Constitution du 20 janvier 2002 », a néanmoins proposé Tsaty Mabiala il y a quelques jours, histoire de faire échec à toute tentative de changement de la Constitution.

« Il faut par tous les moyens que nous offre la Constitution, faire échouer le projet de changement de Constitution même au prix de nos vies » a-t-il déclaré.

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