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« Nouveau » gouvernement efficace de Sassou : pourquoi changer une équipe qui perd ?

politique
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Sassou démontre, s'il en était encore besoin, qu'il n'a plus rien à proposer aux Congolais et qu'il est véritablement à court d'idées. Le résultat est une fuite en avant, et le surplace dans lequel il s'enfonce. Au moment où les Angolais se rendent aux urnes pour désigner le successeur d'Eduardo Dos Santos, qui ne se représente pas, si les Congolais voulaient un motif supplémentaire de révolte, histoire de mettre le clan d'Oyo hors d'état de nuire notamment au moyen de grèves massives, le voilà trouvé.

Rien de nouveau sous le soleil. Un vrai non-événement. Fidèle à lui-même, Sassou Nguesso, après avoir fait le constat de la faillite de son système et de l'économie congolaise qu'il a endettée plus que de raison, a nommé, comme pour répondre au défi de l'heure, le « nouveau » gouvernement qu’il avait promis d'être efficace.

En réalité, le dictateur n'a même pas eu besoin de réunir son clan, comme d'habitude, à Oyo, pour faire semblant de cogiter : il a purement et simplement reconduit dans sa presque totalité l’ancienne équipe de prédateurs pourtant qualifiée indirectement d'inefficace. Du Sassou pur jus, un amoureux invétéré de l'incompétence, du conservatisme et de l'immobilisme obnubilé par une seule obsession : la conservation de son pouvoir, laquelle passe avant toute chose, y compris le bien commun. Pour lui donc, malgré les difficultés économiques, l'urgent c'est d'attendre, de préserver le statu quo et donc les équilibres claniques et familiaux. Ajouté à cette tare congénitale, soulignons le fait qu'en vérité, le PCT, le parti dont il est prisonnier, large vainqueur des législatives, ne regorge pas de lumières, ceci expliquant cela.

C'est ainsi que s'expliquent le retour aux affaires de ce vieux grognard de Florent Tsiba, le maintien au gouvernement depuis vingt ans sans interruption de Pierre Oba, Henri Ndjombo, l’entrée au gouvernement comme ministre de « l’éducation physique »  et des Sports d’Hugues Ngouélondélé, le gendre de Sassou (qui perd donc la mairie de Brazzaville au profit sans doute sinon d'un autre membre de la famille du moins du clan), la nomination du " beau-père " Firmin Ayessa comme vice-Premier ministre, ministre de la Fonction publique, la sortie de Landry Kolelas, Hellot Mampouya et de Léonidas Mottom (celui-là même dont les photos, en fâcheuse " posture pornographique ", avaient égayé les réseaux sociaux), et la reconduction à  leurs postes des prédateurs confirmés que sont les Moungalla, Jean Claude Ngakosso, Richard Mondjo, Ganongo, Gilbert Ondongo, Alphonse Nsilou, Raymond Mboulou, Jean Jacques Bouya, Bruno Itoua, Emile Ouosso, Adelaïde Moughani...

Une mention spéciale à notre vieille connaissance Pierre Mabiala dont le zèle sassouiste est bien mal récompensé. Malgré ses gesticulations et rodomontades, même Sassou n’a pas dû juger ses performances comme ministre de la Justice très convaincantes. Tant pis, il ne remettra pas l'ordre annoncé dans la justice congolaise : nos compatriotes auxquels il a beaucoup manqué le retrouveront au portefeuille de ses chères affaires foncières (et ses " déguerpissements "), un ministère qui  intègre curieusement à présent les relations avec le parlement.

Quoiqu'il en soit, avec la reconduction de son ancien gouvernement, de notre point de vue, Sassou démontre, s'il en était encore besoin, qu'il n'a plus rien à proposer aux Congolais et qu'il est véritablement à court d'idées. Le résultat est une fuite en avant, et le surplace dans lequel il s'enfonce. Au moment où les Angolais se rendent aux urnes pour préparer la succession de Dos Santos qui ne se représente pas (1), si les Congolais voulaient un motif supplémentaire de révolte, histoire de mettre le clan d'Oyo hors d'état de nuire notamment au moyen de grèves massives, le voilà trouvé.

(1) Les électeurs angolais sont appelés, ce mercredi 23 août, à désigner le successeur de José Eduardo dos Santos, à la tête du pays depuis trente-huit ans et qui ne se représente pas, même s'il garde la main sur le parti MPLA jusqu'en 2018. Joao Lourenço, successeur désigné, fait figure de favori.

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