A Monseigneur Abania Victor, Evêque d'Owando
Sur le net et les réseaux sociaux circule la vidéo de l'inauguration de l'Eglise Notre Dame d'Oyo. Eglise que vous avez inaugurée durant la célébration Eucharistique du Dimanche 10 Mars 2019.
Tout d'abord, Excellence, permettez-moi, comme vous l'aviez fait d'ailleurs, de témoigner ma gratitude à ceux qui ont manifesté l'amabilité de doter notre Eglise et d'ajouter au nombre des chefs d'œuvre de notre patrimoine ecclésial ce bijoux somptueux d'une valeur inestimable. Merci.
Toutefois, Monseigneur, j'aurais bien voulu beaucoup dire sur l'événement, mais pour ne pas abuser de votre écoute, et de votre temps, et par respect à votre dignité permettez-moi, Excellence, de m'attarder sur deux point fort de cette célébration: 1) le contexte; 2) la bénédiction et la dédicace du clocher.
En effet, Monseigneur, si l'œuvre en soi mérite admiration et louange, le contexte dans lequel l'événement a été célébré pose un problème moral sérieux. Père Evêque, que vaut la célébration d'une telle Eglise si somptueuse dans un contexte où de milliers de congolais végètent dans la pauvreté; où des milliers des jeunes sont condamnés au chômage; où des milliers de foyers peinent à arrondir les deux bouts du mois; où de milliers d'employés sont jetés dans la rue sans droits; où les malades n'arrivent pas à se soigner; où les étudiants sont livrés aux années blanches; où les écoles manquent de tables-bancs et les hôpitaux, des médicaments; les prêtres sont livrés à la mendicité; où l'insécurité va galopante au point il ne se passe un jour sans qu'on ne ramasse un cadavre dans les rues de nos villes; où les femmes ont perdu leur dignité de mère; etc.?
Non, Monseigneur, se livrer à une telle exhibition, c'est se désolidariser du peuple qui souffre, et faire de l'Eglise une institution passible de corruption et complice de ceux qui ont appauvri le pays.
Père Evêque ne dit-on pas que le corps de l'homme est le temple du Saint Esprit? Et c'est ce même temple que Jésus Notre Maître et Seigneur a relevé et rebâti en trois jours.
Autrement dit, Monseigneur, dans le contexte comme le nôtre, le premier et le véritable temple à construire et à embellir, c'est l'homme, l'homme congolais, l'homme comme image du Dieu vivant, l'homme image du Christ.
Ainsi toute célébration qui ne répond pas à cette logique n'est que corruption. Oui, Monseigneur, l'inauguration d'une telle Eglise n'est pas une urgence encore moins une priorité. Et ça pouvait bien attendre.
En outre, à entendre le journaliste, le clocher de l'Eglise a été dénommé et dédié (à) Edith Lucie Bongo.
Substitut des trompettes de la loi mosaïque, l’usage premier de la cloche, du moins en Occident, semble être la convocation des chrétiens pour la prière, ou autour du prêtre. C’est cette fonction qui a permis leur généralisation progressive entre le VIe et le IXe siècles ; les règles monastiques anciennes ont contribué à cette diffusion mais la pratique se propagea vite dans les églises de paroisse. En bref, la bénédiction des clocher est une pratique ecclésiale qui remonte aux premiers siècles de l'Eglise. Cependant pour sa dédicace, le clocher d'une Eglise est dédié à un saint ou à une sainte.
Ainsi, Excellence Monseigneur, en dédiant le clocher de l'Eglise d'Oyo à Lucie Bongo Ondimba, quel message avez-vous voulu passer aux chrétiens et au peuple congolais? Est-ce une canonisation implicite ou anticipée de la concernée? Est-ce pour plaire au bienfaiteur au point de violer les principes doctrinaux de l'Eglise et sombrer dans les hérésie?
En plus, Monseigneur, le journaliste dit que cette Eglise est un don du Président de la République. Père Evêque, en politique, un Chef de l'Etat en exercice ne peut jamais faire un don à une institution comme l'Eglise. Tout ce qu'il pose comme acte d'une telle envergure c'est au nom du gouvernement et de l'Etat sinon l'on sombre dans le culte de la personnalité, ou l'idolâtrie (en terme religieux).
Espérant que cette lettre vous parviendra, veuillez, Excellence, accepter l'expression de mon profond respect.
Abbé Brice Ruffieux Bahouamio, Prêtre de l’archidiocèse de Brazzaville.
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Brève
Lu dans La Semaine africaine
Les agents de la Force publique sont-ils mal payés?
On ne peut pas ne pas se poser une telle question au regard des actes que posent les agents de la Force publique en patrouille ou ceux assurant la garde. Ils donnent l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes. Dans certains quartiers de Brazzaville, ils font la manche dans les boutiques ou les boulangeries de leur voisinage. S’ils ne demandent pas de l’argent, ils obligent les gérants à leur donner de la marchandise, des boîtes de conserve ou du pain, par exemple. Ce phénomène tend de plus en plus à s’amplifier. Il est curieux de constater qu’un agent de la Force publique, portant uniforme et arme, se mette à demander de l’argent aux passants!
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