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« Il ne me reste que mon honneur », écrit le général Mokoko, " jugé " à Brazzaville

politique
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« Je me suis heurté à la machine totalitaire, cette machine, via ses émissaires congolais et ses complices étrangers, [a] essayé en vain de me faire plier en exigeant de moi la reconnaissance des résultats que le monde entier savait avoir été grossièrement truqués. Cette machine, via ses émissaires congolais et ses complices étrangers, [a] essayé en vain de me faire plier en exigeant de moi la reconnaissance des résultats que le monde entier savait avoir été grossièrement truqués. Face à mon refus, la dictature a ensuite entrepris de m’intimider, d’arrêter et de torturer mes compagnons, de dépenser des fortunes avec des consultants et des complices étrangers pour me diaboliser », écrit le général Mokoko dans une lettre que voici :

Lire la lettre ici

Lire également un article du journal Le Monde Afrique sur ce sujet

 

Echos de la mascarade de procès

La première journée

L'audience a été retardée de plus d'une heure parce que Sassou voulait faire comparaître le général Mokoko en tenue de prisonnier de droit commun. Ce que ce dernier a vigoureusement refusé, menaçant de ne pas se présenter à l'audience. Après moult palabres, le clan d'Oyo a cédé.

Mokoko comparait seul, sans les sept autres co-inculpés qui ne semblent même pas avoir été cités. Parmi eux, Gilbert Tony Moudilou.

Mokoko aurait donc attenté à la sûreté nationale seul.

L'ancien candidat à la présidentielle se mure dans le silence après avoir fait une déclaration au cours de laquelle il a expliqué qu’il bénéficiait d’une immunité de juridiction, en raison d’un décret  présidentiel qui le lui avait conférée.

Cette question a fait l’objet d’un développement de l’avocat général et du président de la Cour lesquels ont considéré que ce point avait été tranché par la Cour suprême. La haute juridiction aurait déclaré ledit décret de Sassou illégal, car la matière de l’immunité de juridiction ressortirait du domaine de la loi.

Mokoko a fait remarquer avec raison que la Cour suprême au Congo donne son avis consultatif au président de la République avant la prise de décret et il est donc surprenant qu’elle n’ait trouvé rien à redire au moment où le décret a été pris, si c’était pour le déclarer illégal plus tard.

En effet, on peut considérer que la Cour suprême ne peut être en quelque sorte juge et partie et que l’illégalité d’un décret pourrait au mieux être prononcée par la Cour constitutionnelle.

La deuxième journée

Un moment de franche rigolade à la Cour qui témoigne de son absence d'indépendance.

L'avocat général fait citer un témoin, le colonel Atipo de la DGST appelé comme expert pour identifier les armes de guerre prétendument trouvées par lui lors d’une perquisition chez Mokoko le 4 mars 2016.

Le président Oba appelle ce dernier à la barre. L'intéressé ne répond pas. " Est il dans la salle ? " interroge le président en se tournant vers le ministère public. Persone ne répond. L'avocat général, un peu confus, précise qu'il a vu l'officier la veille et qu'il devait être là. Et de proposer une suspension d'audience, en attendant que ledit Atipo se présente.

Flottement de longues minutes et le président  de se tourner vers le ministère public pour constater son impréparation. Nouveau flottement et finalement l'avocat général reprend la parole en indiquant qu'on venait de lui " souffler " que ledit Atipo était dans la salle. " Où est-il ? " interroge le président. " Cest celui qui est debout là ", lui répond une voix. Et le président, agacé, de le prier de s'approcher et de lui demander. " Vous venez d'arriver ? ". Réponse d'Atipo : " ma hiérarchie m'a interdit d’intervenir à ce stade ", raison pour laquelle, il faisait la sourde oreille...

Devant ce refus, l'avocat général insiste en disant qu'il devait intervenir, voyant bien que cet incident donnait l'impression d'une autorité se situant au-dessus de la Cour qui tentait de dicter sa loi. Mais, prudent, le président lui, n'était pas de cet avis, et s'inclinait devant les desiderata de la " hiérarchie " rapportés par Atipo. Conséquence, il suspendait l'audience jusqu'au lendemain.

Conclusion : il apparaît clairement que Sassou tire les ficelles et dicte même le tempo de la Cour.

Atipo sera donc entendu non pas quand la Cour le décidera mais quand Sassou le voudra.

La troisième journée

Au lieu d'Atipo, c'est le chef d'état-major général de l'armée, le général Okoï qui a été  finalement entendu comme expert.

Prudent comme un sioux, il a répondu par l'affirmative à la question de savoir si la quantité d'armes trouvée chez Mokoko était supérieure à la dotation habituelle.

Cependant la Cour s'est bien gardée de poser la question de savoir si cet arsenal était suffisant pour organiser une prise armée du pouvoir...

Le général Mokoko, resté silencieux au cours de l’audience, a été également accusé d’avoir conversé par téléphone avec des mercenaires postés au Gabon pendant la présidentielle. Un témoignage l’accuserait : celui d’un colonel, enquêteur dans le dossier, et proche du pouvoir... A l'appui de l'accusation il n'a été produit ni de transcription de conversation, ni de fadette, ni le moindre enregistrement. Rien. Nada ! Un seule preuve : le témoignage de l'enquêteur...

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