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Sassou en mode Ali Baba

politique
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Tribune libre

Au début, on les appelait les « boukouteurs » tant ils se goinfraient en appliquant la politique du ventre. Puis, à la faveur de l’impunité qui récompense le vol des deniers publics dans le pays, ils ont asséché le trésor public et sont allés jusqu’à endetter puis gager les richesses du pays uniquement pour se remplir les poches. Leurs poches. C’est ainsi qu’ils ont mis en place la « Nyongologie ». Un système d’empilement des dettes du pays sans limite à leur seul profit.

Ils sont donc devenus des « nyongoleurs » et leur chef le « nyongologue ». Attention ! Ils n’aiment surtout pas entendre ces nouveaux surnoms venus de Makoua, une localité septentrionale du Congo sous peine d’une bonne correction !

Le pouvoir, ils l’ont arraché au moyen d’immenses intrigues et au prix fort du sang des innocents et de nombreux martyrs. Loin d’un combat patriotique, le pouvoir représente pour le clan Nguesso un véhicule permettant d’accéder rapidement aux richesses du pays, autrement dit un sésame et un scaphandre de protection contre les possibles sanctions.

Les questions du bien-être des populations ou celles liées au développement du pays, au-delà des discours lénifiants visant essentiellement l’endormissement du peuple, sont reléguées aux calendes grecs. Les yeux toujours braqués sur les ressources du pays, ils sont infoutus d’épauler les pauvres populations dans leur quotidien.

Les conséquences de ces crimes économiques et de leur désintérêt sur le peuple sont considérables. Longtemps complaisants à l’égard de ce régime fondamentalement dictatorial reposant sur le vice et l’égoïsme, les congolais peinent à retrouver le sens de la rigueur, l’objectivité et la vertu qui subliment les compétences. Le résultat est un pays aujourd’hui dévasté. Vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain ; c’étaient déjà eux, il y a une quarantaine d’années.

A moins d’un miracle, il faudrait vraiment que le vaillant peuple congolais opprimé et spolié sorte de sa léthargie et se redresse. Puis debout comme un seul homme, qu’il affronte son dictateur en lui disant NON, au nom de la défense de ses droits et de sa liberté. En agissant ainsi, il exprimera son exigence vers un retour de l’ordre juste et sa suprématie vis-à-vis du premier fonctionnaire de l’Etat aux velléités usurpatrices de maitre absolu et qu’il lui inflige un tacle définitif afin de mettre un terme à son inamovibilité.

Dans ce pays de paradoxes où ce qui abonde est rare, on en vient à implorer un homme providentiel doté des compétences réelles et capable de renverser la table afin de réorganiser le pays pour qu’enfin l’on puisse vivre dignement grâce aux multiples richesses dont dispose le Congo.

Le fameux prêt de 448,6 millions d’euros, lequel enchante les courtisans du pouvoir, là où les angolais ont obtenu 4 milliards, résonne en réalité comme une mise en garde si l’on veut croire au caractère noble de cette institution qu’est le FMI. Si cela constitue pour les congolais un défi à relever, ne s’agit-il pas, pour le FMI, d’une simple volonté de se désengager progressivement d’une situation qui s’apparente désormais à un bourbier économique ? Entre la Chine, la Russie et ce dictateurs anciens et nouveaux, quels maux sont-ils les moindres ?

Lire : http://www.rfi.fr/afrique/20181211-fonds-monetaire-international-pret-37-milliards-dollars-angola-fmi

Certes, les signes d’essoufflement du pouvoir de Brazzaville sont visibles tant le régime est économiquement et socialement coincé. Toutefois, sa machine répressive demeure intacte. Mais les dictatures, aussi coriaces soient-elles, finissent par s’écrouler et meurent de leur propre poison. Le pouvoir de Sassou, lequel vit de la corruption, de la dilapidation des deniers publics, de l’impunité et du mensonge, découvre aujourd’hui ses limites. Cette mixture constitue sa potion mortelle. En effet, un tel système ne résiste que le temps de l’opacité et de la répression, la vérité étant inviolable.

Les tenants du régime sont, par conséquent, à la recherche d’un nouveau souffle. Le procès Dabira constitue un élément de questionnement qui les traverse, y compris par Sassou lui-même. Comment perdurer avec ou sans Sassou ? Les quarante voleurs du clan voudraient bien survivre après le naufrage, autant qu’Ali Baba. Comment dénoncer la corruption sans mettre au bucher l’ensemble de son clan ?

Le pays est en crise et l’homme cumule les dettes. Cependant, il arrive à payer les salaires sans aucune inscription au trésor public. Un dysfonctionnement qui trahit les manœuvres des autorités publiques. Selon « Monde-Afrique », lequel dresse un catalogue montrant l’ampleur de la spoliation, le vol a atteint des niveaux jamais égalés. Un extrait de ce document indique où se trouve l’argent que l’on cherche en vain. Alors, oseront-ils regarder le peuple en face ? La vérité, si je mens.

 Lire : https://mondafrique.com/congo-les-panama-papers-publient-les-comptes-des-congolais/

Abraham Avellan WASSIAMA

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